14 femmes pilotes testent la monoplace de Formule E : une journée historique à Valence
La Formule E continue d’ouvrir la voie à une nouvelle génération de femmes pilotes. Quatorze d’entre elles ont pris la piste du circuit Ricardo Tormo, à Valence, pour la deuxième édition du “All-Women’s Test”, une journée d’essais 100 % féminine organisée par la FIA et le championnat électrique. Six heures de roulage, un niveau de performance impressionnant… et un symbole fort : celui d’un sport en pleine mutation.
Une journée 100 % féminine en GEN3 Evo
Vendredi 31 octobre 2025, la Formule E a consacré une journée entière à la découverte et à la performance. Pour la deuxième année consécutive, quatorze femmes pilotes issues de la F1 Academy, du WEC, de la monoplace ou du GT ont pris le volant de la monoplace GEN3 Evo, la plus rapide jamais conçue pour le championnat électrique.
Objectif : leur offrir le même temps de roulage que les pilotes titulaires, dans des conditions identiques à celles de la pré-saison 2025/2026.
Et cette année, les organisateurs ont vu les choses en grand : deux sessions de trois heures, soit le double du temps de piste par rapport à l’édition précédente. De quoi permettre à chaque pilote d’explorer pleinement le potentiel de cette voiture spectaculaire, capable d’atteindre 320 km/h en pointe.
Chloe Chambers, la plus rapide du jour
Au terme d’une journée intense, l’Américaine Chloe Chambers (Mahindra Racing) s’est illustrée avec un chrono de 1’22’’767, le meilleur temps du test. Pilote régulière de la F1 Academy, Chambers confirme ainsi sa progression fulgurante et son aisance dans des monoplaces de haut niveau.
Elle devance de seulement 0’’064 la Britannique Abbi Pulling (Nissan Formula E Team), déjà la plus rapide lors de la première édition du test, et la Philippine Bianca Bustamante (CUPRA KIRO), troisième.
Derrière ce trio, on retrouve Alice Powell (Envision Racing), ralentie par un problème de batterie, puis Ella Lloyd, sa coéquipière, ainsi que Jamie Chadwick (Jaguar TCS Racing) et Tatiana Calderón (Citroën Racing). La jeune Nerea Martí (Andretti Formula E) complète le top 8.
Pour certaines, comme Juju Noda ou Marta García, c’était la première expérience en Formule E. Pourtant, neuf des quatorze participantes ont signé des temps proches à quelques dixièmes seulement de ceux des pilotes officiels présents lors des essais d’avant-saison. Une performance remarquable, qui souligne le potentiel réel de ces pilotes lorsqu’on leur en donne les moyens.
Un pas concret vers l’égalité sur la grille
Derrière ces chronos, c’est un message politique et symbolique que la FIA et la Formule E veulent faire passer : donner aux femmes les mêmes outils, le même temps, la même exposition que leurs homologues masculins.
Jeff Dodds, le PDG de la Formule E, ne cache pas sa fierté :
« Aujourd’hui, 14 des meilleures pilotes au monde ont pris la piste dans la GEN3 Evo pour la deuxième édition du All-Women’s Test. Nous avons doublé le temps de roulage et vu des progrès impressionnants. Certaines étaient à seulement quelques dixièmes des pilotes titulaires. Cela prouve à quel point l’expérience et la confiance changent tout. »
Ce programme s’inscrit dans une stratégie à long terme de la Formule E : réduire les obstacles qui freinent l’accès des femmes au sport de haut niveau, et leur permettre de s’intégrer dans les équipes officielles.
Au-delà des tours chronométrés, les pilotes ont également participé aux réunions techniques, aux débriefings d’ingénierie, et aux conférences de presse avec leurs équipes respectives — une immersion complète dans la vie d’un pilote professionnel.
Des témoignages enthousiastes et lucides
Pour Chloe Chambers, cette journée a confirmé ses progrès :
« J’ai beaucoup appris depuis l’an dernier, notamment sur la façon de piloter pour tirer le meilleur de la voiture. On a travaillé sur le rythme sur un tour, et j’ai progressé à chaque tentative. C’était un test très positif et j’ai adoré collaborer avec l’équipe. »
De son côté, Abbi Pulling a salué la rigueur du travail accompli :
« J’espérais passer sous la barre des 1’23, et nous y sommes arrivées ! C’est un circuit exigeant physiquement, mais nous avons tout bouclé, et je me sens de plus en plus à l’aise dans la voiture. »
Quant à Bianca Bustamante, elle insiste sur la marge de progression encore immense :
« Il y a encore beaucoup à apprendre, surtout dans le premier secteur, mais c’était une expérience incroyable. L’équipe m’a parfaitement préparée, et j’ai pris énormément de plaisir — c’est le plus important. »
Des mots simples, mais révélateurs : la performance compte, bien sûr, mais le plaisir et la confiance sont au cœur de la réussite.
Une vitrine pour le futur du sport automobile
Ce “All-Women’s Test” n’a pas vocation à être un événement ponctuel. Il est pensé comme un laboratoire pour le futur, où les talents féminins peuvent s’exprimer et où les équipes apprennent à les intégrer durablement.
Dans un milieu encore largement masculin, la Formule E joue un rôle pionnier. Non seulement parce qu’elle met les femmes au volant, mais aussi parce qu’elle les place au centre du dispositif technique et médiatique.
En doublant le temps de roulage, la FIA et la Formule E envoient un signal clair : la performance féminine ne se juge pas sur des symboles, mais sur des chronos. Et ceux-ci prouvent déjà que la relève est prête.
Derrière les chiffres et les classements, cette journée à Valence raconte une histoire bien plus grande : celle d’une génération de femmes qui s’impose sur les circuits électriques comme ailleurs.
Elles ne demandent pas des privilèges, seulement des opportunités équitables. Et à en juger par les temps au tour, elles comptent bien les saisir à pleine vitesse.
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