Apple CarPlay Ultra : la nouvelle frontière de la connectivité automobile… mais pas sans polémique
Depuis plusieurs années, Apple CarPlay s’est imposé comme un standard incontournable de la connectivité embarquée. Plus de 300 modèles de voitures l’intègrent aujourd’hui de série, permettant de répliquer l’interface de l’iPhone sur l’écran central du véhicule. Navigation, appels, messagerie, musique en streaming… la promesse est claire : rester connecté en toute légalité, sans manipuler son smartphone au volant.
Mais Apple a décidé d’aller plus loin avec une évolution baptisée CarPlay Ultra. Présentée comme une révolution, cette nouvelle version dépasse l’infotainment traditionnel pour prendre le contrôle du combiné d’instruments et de fonctions jusqu’alors réservées aux systèmes natifs des constructeurs. Et c’est précisément là que les choses se compliquent.
CarPlay Ultra : l’iPhone au cœur de votre tableau de bord
Là où CarPlay « classique » se limite à l’écran central, CarPlay Ultra s’étend désormais au combiné d’instruments. Les conducteurs peuvent choisir différents affichages conçus à la fois par Apple et par le constructeur, intégrant simultanément les données du smartphone (itinéraire GPS, notifications) et celles de la voiture (vitesse, autonomie, niveau de carburant ou de batterie).
L’écran central gagne également en richesse. Désormais, la climatisation et l’audio peuvent être pilotés directement via l’interface CarPlay, en plus des menus traditionnels. Autre nouveauté : la personnalisation, avec des widgets façon iPhone — météo, calendrier, horloge analogique — accessibles d’un coup d’œil.
Techniquement, l’activation reste simple : connexion filaire via USB-A ou USB-C, ou plus souvent en mode sans fil via Bluetooth et Wi-Fi, selon le véhicule. Un iPhone sous iOS 18.5 minimum est nécessaire pour en profiter.
Les premiers à l’adopter : Aston Martin, Porsche… et les coréens
Apple s’est assuré de lancer son système avec des partenaires prestigieux. Aston Martin est le premier constructeur à intégrer CarPlay Ultra sur des modèles emblématiques comme le DBX et la future Vanquish. Porsche a également confirmé l’arrivée de la technologie sur sa gamme.
Mais CarPlay Ultra ne restera pas cantonné aux sportives et SUV de luxe. Genesis, Hyundai et Kia travaillent déjà à son déploiement. Si les calendriers précis restent flous, ces marques devraient démocratiser rapidement l’accès à cette évolution.
… et ceux qui disent non à Apple
Pourtant, plusieurs constructeurs majeurs ont décidé de ne pas suivre Apple sur ce terrain. Audi, BMW, Mercedes-Benz, Polestar, Renault et Volvo ont officiellement annoncé qu’ils n’intégreraient pas CarPlay Ultra, malgré un intérêt initial manifesté lors de sa présentation en 2022.
Leur principale crainte ? La perte de contrôle et d’identité. Laisser Apple s’approprier l’instrumentation, c’est reléguer au second plan l’univers graphique et l’expérience utilisateur développés par chaque marque. Mercedes, par exemple, défend son système MBUX, qu’elle estime plus cohérent avec son identité et capable d’évoluer sans dépendre d’un tiers.
Autre sujet sensible : la gestion des données. CarPlay Ultra exige une coopération étroite entre Apple et le constructeur pour optimiser l’intégration. Certains y voient une intrusion dans leurs systèmes embarqués, voire un conflit d’intérêt avec d’autres partenariats technologiques. Renault, Polestar et Volvo s’appuient déjà largement sur des solutions Google, tandis que BMW a conçu son propre environnement « DriveX », basé sur Android Open Source.
Un employé de Renault, cité par le Financial Times, a résumé cette défiance par une phrase lapidaire : « N’essayez pas d’envahir nos systèmes. »
Apple se défend : pas plus de données que CarPlay classique
Face aux critiques, Apple assure qu’aucune donnée supplémentaire n’est collectée par rapport au CarPlay traditionnel. Selon la firme, les informations transmises sont limitées au strict nécessaire pour le fonctionnement de l’interface et ne compromettent pas la confidentialité.
Reste que le débat dépasse la seule question de la vie privée. Pour les constructeurs, céder le tableau de bord à Apple revient à abandonner une partie de leur relation client. Or, dans un contexte où l’automobile devient de plus en plus un produit numérique, le logiciel est désormais aussi stratégique que le design ou le moteur.
Un tournant pour l’industrie ?
CarPlay Ultra illustre à quel point la voiture moderne se transforme en plateforme logicielle roulante. Pour certains constructeurs, s’associer à Apple permet d’offrir une expérience utilisateur immédiatement familière, rassurante et fluide pour les millions d’adeptes de l’iPhone.
Pour d’autres, c’est une dépendance jugée trop risquée : si l’interface CarPlay domine l’expérience de conduite, qu’adviendra-t-il de la valeur ajoutée propre à chaque marque ?
L’histoire dira si Apple réussira à imposer son écosystème au cœur même des tableaux de bord, ou si les constructeurs parviendront à préserver leurs univers numériques maison. Une chose est sûre : derrière les écrans, c’est une bataille stratégique majeure qui se joue entre l’industrie automobile et les géants de la tech.
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