F1 Academy – Round 4 Montreal – Race 3

F1 Academy : la nouvelle voie royale des femmes en course

Women on Track – C’est le nom d’une série documentaire à venir, mais c’est surtout une réalité que la F1 tente enfin d’écrire au présent. Avec l’Academy, lancée en 2023, la discipline reine du sport automobile entend changer la donne et cultiver une génération de pilotes prêtes à faire entendre le son de leur moteur parmi les meilleurs.

Et à la tête de cette révolution tranquille mais déterminée, une femme : Susie Wolff. Ancienne pilote professionnelle, la Britannique n’a jamais cessé de croire qu’il y avait une place pour les femmes en Formule 1. Aujourd’hui directrice générale de la F1 Academy, elle transforme cette conviction en programme concret.

Une réponse aux décennies d’exclusion

Depuis les débuts de la F1 en 1950, seules cinq femmes ont pris le départ d’un Grand Prix. La dernière, Giovanna Amati, remonte à 1992. Entre Maria Teresa de Filippis dans les années 1950 et Lella Lombardi dans les années 1970 — cette dernière étant encore la seule femme à avoir inscrit des points en championnat du monde — les exemples se comptent sur les doigts d’une main. L’élite du sport automobile est restée un bastion masculin, verrouillé par des années de préjugés et d’inaccessibilité.

C’est ce verrou que Susie Wolff veut faire sauter. Après une carrière en DTM et une apparition remarquée lors de séances d’essais libres en F1 chez Williams — devenant en 2014 la première femme à rouler en week-end officiel depuis 22 ans — elle avait annoncé sa retraite à 32 ans, lucide : « Je ne pensais plus que courir en F1 était possible. »

Mais ce n’était pas un abandon. C’était un passage de relais.

F1 Academy : former, inspirer, révéler

La F1 Academy, née sous l’impulsion de Formula One Management, s’adresse aux jeunes pilotes femmes âgées de 16 à 25 ans. Elle les prépare aux catégories supérieures : F3, F2… et pourquoi pas F1. En 2023, la première saison s’est articulée autour de sept épreuves internationales, avec une finale symbolique à Austin, au Circuit of the Americas. Et pour souligner son importance, Lewis Hamilton et George Russell sont venus soutenir l’initiative en personne.

La structure comprend six équipes et quinze pilotes, toutes engagées sur des monoplaces proches du niveau Formule 4. L’objectif est double : leur offrir une vraie plateforme de développement et donner de la visibilité à une nouvelle génération de talents. Le tout, avec des moyens professionnels, un encadrement solide et une exposition médiatique croissante.

Car l’enjeu n’est pas que sportif. Il est aussi culturel.

Des modèles à construire

« Il y a déjà beaucoup de femmes compétentes dans le paddock, mais elles ne sont pas visibles », souligne Susie Wolff. Et ce manque de représentativité freine les vocations. D’où l’importance de figures comme Bianca Bustamante, pilote philippine de 19 ans, révélée lors de la saison inaugurale de la F1 Academy.

Entrée en karting à 3 ans, titrée à 5, Bustamante s’impose comme l’un des visages de cette nouvelle génération. Son modèle ? Niki Lauda. Mais demain, elle pourrait bien devenir elle-même une référence pour des milliers de jeunes filles.

« Ma mère m’a tout appris de la rigueur, de la résilience. Elle m’a dit un jour : le monde est dur, je veux que tu sois encore plus forte. » Cette discipline, Bianca la cultive au quotidien : entraînements, études d’ingénierie, analyse des données. « Les jours où tu te reposes, tes concurrents travaillent », dit-elle simplement.

Des ambitions réalistes et assumées

Depuis son passage remarqué en Academy, Bustamante a pris la direction du GB3 Championship au Royaume-Uni avec l’équipe Elite Motorsport. Un pas de côté, mais pas un renoncement. Comme beaucoup de ses consœurs, elle sait que le chemin vers la Formule 1 est long — mais plus totalement fermé.

L’Academy lui a donné des armes. Et si elle n’est pas encore la marche directe vers la F1, elle s’intègre désormais au calendrier officiel, avec des manches en lever de rideau des Grands Prix à Miami, Zandvoort, Singapour ou Barcelone. Un coup de projecteur précieux. Et bientôt, un documentaire produit par Hello Sunshine, la société de Reese Witherspoon, viendra raconter leur parcours à l’écran.

Un projet de transformation, pas un gadget marketing

Loin de n’être qu’un coup de communication, la F1 Academy s’inscrit dans une démarche de transformation du sport. « Nous voulons rendre le sport plus accessible, inspirer la prochaine génération, et faire tomber les barrières », insiste Susie Wolff.

Une ambition qui dépasse la seule compétition : la série veut aussi attirer des femmes dans toutes les strates du sport automobile, des ingénieures aux stratèges en passant par les mécaniciennes et les communicantes.

En multipliant les actions locales, en impliquant les communautés, la F1 Academy entend semer des graines bien au-delà des circuits. Et faire comprendre à toutes qu’en sport auto, comme ailleurs, il y a une place pour elles.




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