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Les 3 plus belles victoires féminines du sport automobile selon Motor Sport

Le magazine britannique Motor Sport vient de publier un superbe dossier célébrant les cinquante plus belles courses remportées par des femmes dans l’histoire du sport automobile. Une plongée passionnante dans un siècle d’exploits où courage, talent et endurance s’entremêlent. Dans ce classement, trois victoires ressortent comme des sommets absolus, chacune incarnant à sa manière une époque, une discipline, et surtout, une idée du dépassement de soi.

Voici le Top 3 de cette sélection signée Motor Sport : trois femmes, trois époques, trois triomphes qui ont marqué la légende.

Pat Moss & Ann Wisdom — Marathon de la Route 1960

Austin-Healey 3000 MkI
Victoire au Liège–Rome–Liège

Avant Michèle Mouton et bien avant Jutta Kleinschmidt, il y eut Pat Moss, la sœur cadette d’un certain Stirling Moss. En 1960, elle remporta le redoutable Marathon de la Route, une épreuve d’endurance considérée comme l’un des rallyes les plus impitoyables du monde. L’itinéraire, qui reliait Liège à Rome (et retour), traversait la Belgique, le Luxembourg, l’Allemagne, l’Autriche, l’Italie et l’ex-Yougoslavie — plus de 5 000 km de routes souvent défoncées, de cols alpins noyés dans la brume et de nuits blanches à répétition.

Pat Moss et sa copilote Ann Wisdom, surnommée “Wiz”, affrontaient tout cela à bord d’une Austin-Healey 3000 MkI, un roadster brutal, chaud et bruyant, typique des voitures de sport britanniques de l’époque. L’équipage dut composer avec une boîte de vitesses capricieuse, un embrayage fatigué et des heures de pilotage sans sommeil.

Mais Moss fit ce que peu auraient osé tenter : elle nourrissait la mécanique comme un être vivant, l’écoutant, la ménageant, la relançant quand d’autres pilotes, plus téméraires, rendaient les armes. Elle franchit la ligne à Liège en tête, au terme de 90 heures de course quasi ininterrompue. Une victoire d’endurance, de lucidité et de sang-froid — une leçon magistrale à une époque où les femmes étaient encore rares au volant de voitures de compétition.

Michèle Mouton & Fabrizia Pons — Rallye Sanremo 1981

Audi Quattro
Première victoire féminine en WRC

Vingt et un ans plus tard, une Française faisait trembler le monde du rallye : Michèle Mouton. En octobre 1981, au Rallye Sanremo, elle allait écrire l’une des plus belles pages du Championnat du monde des rallyes (WRC).

Son Audi Quattro, lourde et puissante, marquait un tournant technologique avec sa transmission intégrale. Mais sur les routes italiennes, souvent étroites et piégeuses, cette supériorité mécanique se transformait parfois en handicap. Dès les premiers kilomètres, les ennuis de son coéquipier Hannu Mikkola la laissaient seule face aux ténors de l’époque, dont Ari Vatanen et son Escort RS.

Mouton géra la pression avec une intelligence rare. Elle construisit sa victoire étape après étape, en profitant des spéciales sur terre pour creuser l’écart, avant de défendre bec et ongles sur l’asphalte. Malgré une pénalité de deux minutes pour un arbre de transmission remplacé à la hâte, elle conserva la tête et résista à la remontée de Vatanen.

Lorsque le Finlandais tapa une pierre dans la dernière journée, l’histoire s’écrivait : Michèle Mouton devenait la première femme à remporter une manche du Championnat du monde des rallyes. À l’arrivée, trois minutes et vingt-cinq secondes d’avance, et une immense claque au machisme ambiant. Un exploit technique, humain, et politique.

Jutta Kleinschmidt — Paris-Dakar 2001

Mitsubishi Pajero Evolution
Première et unique femme victorieuse du Dakar

Enfin, le podium se complète avec une victoire aussi historique que controversée : celle de Jutta Kleinschmidt, première (et toujours seule) femme à avoir remporté le Paris-Dakar. C’était en 2001, lors d’une édition déjà entrée dans la légende, la dernière à conserver l’esprit du Dakar originel — long, dur, imprévisible.

À bord de son Mitsubishi Pajero Evolution, la pilote allemande fit preuve d’une régularité exemplaire. Pendant que d’autres s’égaraient ou cassaient, elle avançait méthodiquement, évitant les pièges d’un rallye où tout pouvait basculer à chaque dune.

Et justement, tout bascula lors de l’avant-dernière étape. Ses rivaux directs, Jean-Louis Schlesser et Josep Maria Servià, prirent le départ prématurément, forçant le leader Hiroshi Masuoka à rouler dans leur poussière. Masuoka sortit violemment de la piste. Les deux fautifs furent sanctionnés d’une heure, et Kleinschmidt se retrouva en tête à la veille de l’arrivée.

Elle ne céda rien sur la dernière spéciale et entra dans l’histoire du Dakar avec 2 minutes et 39 secondes d’avance. Une victoire méritée, forgée sur la constance et la ténacité, dans un univers où la moindre erreur se paie cash.

Trois femmes, trois époques, une même force

À travers ces trois récits, Motor Sport rend hommage à bien plus que des performances sportives. Pat Moss, Michèle Mouton et Jutta Kleinschmidt ont chacune repoussé les limites d’un monde automobile qui, à leur époque, ne les attendait pas. Elles ont prouvé, chacune à leur manière, que la vitesse, l’endurance et le courage n’ont pas de genre.

Et si leurs exploits appartiennent à des décennies différentes, leur message reste furieusement moderne : dans la course, seules comptent la détermination, la passion et la maîtrise.




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