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Lexus RZ : le volant n’est plus relié aux roues… et c’est peut-être un peu trop tôt

L’électrification, on commence à s’y faire. Les écrans géants, aussi. Mais voici venir une révolution autrement plus radicale : la direction sans liaison mécanique entre le volant et les roues, autrement appelée steer-by-wire. Et c’est Lexus qui ouvre la marche en Europe, avec son SUV électrique RZ.
Un système aussi audacieux que risqué, qui pose aujourd’hui un vrai problème de sécurité en conduite réelle.

Le principe : diriger sans colonne de direction

Dans une voiture traditionnelle, un arbre mécanique relie le volant à la crémaillère. Avec le steer-by-wire, tout passe par des capteurs électroniques et des moteurs électriques : le mouvement des mains est converti en signal, puis interprété pour orienter les roues.
Ce dispositif a plusieurs avantages :

  • il supprime un élément encombrant,

  • il facilite la production (plus de versions “gauche/droite”),

  • il permet d’ajuster le comportement du volant selon la vitesse.

En ville, le volant devient hyper réactif — un quart de tour suffit pour se garer. Sur autoroute, il se durcit pour offrir de la stabilité. L’idée, sur le papier, est brillante.

Lexus, pionnier… mais pas encore prêt

Lexus sera le premier constructeur à proposer ce système sur le marché européen, à partir de fin 2025, avec le RZ F Sport.
Et il faut le reconnaître : la sensation de direction est bluffante une fois qu’on s’y habitue. Les réactions sont nettes, sans flottement, et la précision à haute vitesse impressionne.

Mais tout n’est pas au point. Le steer-by-wire peut se comporter de manière dangereuse dans certaines situations de conduite.

Le vrai danger : la variation du rapport de direction

C’est là que les choses se compliquent.
Le système adapte en permanence le rapport de direction selon la vitesse : plus on va vite, plus la direction devient douce ; plus on ralentit, plus elle devient directe.

Problème : si l’on entre dans un virage à rayon constant, mais qu’on relâche l’accélérateur en courbe — donc que la vitesse diminue — le système augmente automatiquement le braquage, sans que le conducteur ne touche au volant.
Résultat : la voiture braque davantage toute seule, alors que le volant n’a pas bougé d’un millimètre.

Une situation déroutante, voire dangereuse, surtout sur route mouillée ou en virage rapide.
C’est un comportement inconduisible dans sa forme actuelle, qui montre que le système demande encore un gros travail de calibration logicielle.

Le volant “Yoke” n’aide pas non plus

Comme si cela ne suffisait pas, Lexus a choisi d’accompagner sa technologie d’un volant de type “Yoke”, en forme d’arceau aplati, façon Tesla.
Problème : les commandes de clignotants et d’essuie-glaces sont fixées directement sur le volant et tournent avec lui. En pleine manœuvre, c’est un casse-tête.

À cela s’ajoutent les paddles de l’“Interactive Manual Drive”, censés simuler huit rapports sur un SUV électrique. L’idée est de recréer la sensation d’une boîte de vitesses, mais le résultat est gadget, le son artificiel, et la manipulation peu ergonomique.

Une innovation à double tranchant

Techniquement, le système de direction sans liaison mécanique est une prouesse. Mais sur la route, la technologie montre encore ses limites.
Christoph Starzynski, responsable du développement véhicule chez Mercedes-Benz — qui planche lui aussi sur le steer-by-wire — reste lucide :

« Il y a des avantages pour le client, mais il faudra du temps avant qu’il soit prêt à l’adopter. »

Lexus, de son côté, veut aller vite. Peut-être trop vite. Le concept est séduisant, mais quand une technologie rend la conduite moins prévisible, elle n’est pas encore mûre pour la série.

Et demain ?

D’autres marques — Renault, Peugeot, DS — observent attentivement le sujet.
Mais avant que le “by-wire” ne remplace nos bonnes vieilles colonnes de direction, il faudra résoudre ce dilemme : comment garantir une cohérence parfaite entre les mains du conducteur et la trajectoire réelle du véhicule ?

Car si l’électronique peut tout faire, elle ne doit jamais trahir la confiance du conducteur. Et aujourd’hui, avec le steer-by-wire du Lexus RZ, cette confiance est encore à construire.




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