Pirelli Calendar 2026 : Sølve Sundsbø capte la puissance des éléments
Depuis plus d’un demi-siècle, le Pirelli Calendar est bien plus qu’un simple objet promotionnel : il est devenu une référence culturelle, un condensé de mode, d’art et de photographie, où les plus grands noms se succèdent pour réinventer chaque année l’imaginaire de « The Cal™ ». Après Annie Leibovitz, Peter Lindbergh ou Tim Walker, c’est au tour du Norvégien Sølve Sundsbø de signer l’édition 2026. Et pour son premier calendrier Pirelli, ce maître de l’image a choisi de convoquer des forces intemporelles : les éléments.
La nature comme matrice
Installé à Londres depuis trente ans, Sundsbø n’a jamais perdu le lien profond qui l’unit aux paysages de son enfance en Norvège : montagnes abruptes, forêts denses, ciels changeants, tempêtes de neige ou orages soudains. Un environnement qui nourrit son imaginaire et guide encore aujourd’hui son travail.
« Si vous demandez à ma femme quand je suis le plus heureux, c’est quand je suis dehors, dans un mauvais temps, complètement immergé », confie-t-il. « J’ai cette fascination romantique, presque à la Caspar David Friedrich : l’homme seul face aux forces de la nature. »
C’est cette énergie brute qu’il a voulu saisir dans le Pirelli Calendar 2026. Non pas en opposant les mannequins aux éléments, mais en les plaçant en résonance avec eux. « Les forces que je voulais capter sont le mystère, l’imagination, la passion, le désir d’émancipation, et notre rapport au temps et à l’espace », explique le photographe.
Terre, eau, feu, vent… et au-delà
Pour traduire ce dialogue entre l’humain et la nature, Sundsbø a conçu une mise en scène en huit « éléments » : la terre, l’eau, le feu, le vent, mais aussi l’éther, le ciel, les fleurs et la nature. Chaque élément est incarné par l’une des onze femmes qui composent son casting. On retrouve notamment Tilda Swinton, Eva Herzigová, Susie Cave ou encore Isabella Rossellini, chacune associée à un univers particulier.
L’approche est hybride : Sundsbø a tourné des images dans la campagne anglaise, en Norfolk et dans l’Essex, qu’il a ensuite utilisées en studio. « Nous avons installé trois ou quatre caméras, captant le ciel, les nuages, le coucher de soleil… C’était comme un petit laboratoire photo en plein air », raconte-t-il. Ces images, projetées ensuite sur d’immenses écrans LED, créent une toile de fond spectaculaire pour les portraits réalisés à Londres et à New York.
Eva Herzigová et Susie Cave ont ainsi été immergées dans l’eau ; Tilda Swinton a évolué dans une mini-forêt recréée en studio ; Isabella Rossellini a posé au milieu de fleurs luxuriantes. Des tableaux puissants, où chaque protagoniste se fond littéralement dans son élément.
La nouveauté : des images en mouvement
Grande innovation de cette édition : l’intégration d’images animées. En complément des clichés imprimés, Sundsbø réalise un court-métrage. Pas de narration classique, mais une exploration visuelle, jouant sur le temps et l’espace.
« Avec le film, il faut penser différemment », explique-t-il. « Si vous filmez un nuage immobile, c’est ennuyeux. Mais si vous accélérez deux heures de mouvement en vingt secondes, et que vous placez une personne filmée au ralenti devant, vous créez une distorsion poétique. »
Cette approche mixte, mêlant photographie traditionnelle et vidéo expérimentale, ouvre de nouvelles perspectives pour le calendrier, tout en respectant son ADN : proposer chaque année un objet artistique unique, rare, et soigneusement fabriqué.
Un projet hors normes
Sølve Sundsbø insiste sur l’ampleur de la préparation : « Le vrai travail, c’est avant et après la séance. Il faut que tout soit prêt quand la personne entre dans le studio : la projection derrière elle, la lumière, les effets de réflexion… C’est une logistique énorme. »
Contrairement à ses projets de commande habituels, où les marques imposent un cahier des charges, Pirelli offre une liberté totale à son photographe. « Ici, on vous dit simplement : “Faites un calendrier.” À vous de définir le concept, les limites, les choix artistiques. » Un luxe rare, qui s’accompagne d’un temps de gestation exceptionnel : commencé en décembre dernier, le projet sera dévoilé en novembre, soit près d’un an de travail.
Le luxe de l’objet
À l’heure où les images circulent instantanément sur Instagram, TikTok ou YouTube, le Pirelli Calendar reste un objet tangible, soigneusement produit en tirage limité et offert à une poignée de personnalités triées sur le volet. « Peu d’endroits célèbrent la photographie comme Pirelli », souligne Sundsbø. « Leur investissement dans un objet physique, unique et magnifique, est précieux. »
Pour lui, cette démarche donne au calendrier une valeur particulière : celle d’un manifeste artistique à contre-courant de l’immédiateté numérique, où chaque détail compte, de la prise de vue au tirage final.
Entre romantisme et modernité
Avec cette édition 2026, Sundsbø réussit à conjuguer la rigueur du studio et la puissance évocatrice de la nature. Sa vision « romantique » des éléments rencontre la technologie la plus contemporaine, de la captation en time-lapse aux projections sur écrans LED, en passant par l’intégration de séquences vidéo.
Le résultat, dévoilé dans quelques semaines, promet d’être une plongée sensorielle où chaque image dépasse la simple beauté d’un portrait pour toucher à l’essence même du rapport entre l’humain et les forces primordiales qui l’entourent.
Il n'y a aucun commentaire
Ajoutez le vôtre