Roberta Zerbi prend la tête de Lancia : un nouveau chapitre pour les femmes dans l’automobile
Il y a des nominations qui résonnent bien au-delà d’un simple communiqué interne. Celle de Roberta Zerbi, nommée directrice générale de Lancia, en fait partie. Parce qu’elle incarne à la fois la continuité d’une carrière exemplaire et le symbole d’une évolution profonde dans un secteur où les femmes, longtemps reléguées à l’arrière-plan, prennent enfin le volant des décisions.
Lancia, marque mythique du patrimoine automobile italien, entre dans une phase cruciale de sa renaissance sous l’égide de Stellantis. Et c’est donc à Roberta Zerbi qu’il revient d’orchestrer ce nouvel élan. Diplômée de l’université LUISS Guido Carli de Rome et titulaire d’un MBA de Warwick Business School, elle affiche un parcours international solide — l’un de ceux qu’on décrit souvent comme « sans faute ». De Ford à Toyota, puis de FIAT à Alfa Romeo, elle a franchi chaque étape avec une vision claire : donner du sens à la marque, du style à la stratégie, et de la cohérence à la passion italienne.
Une carrière construite sur la constance et la conviction
C’est en 1998, chez Ford Italie, que tout commence. Roberta Zerbi s’y forge une expérience complète des ventes et du marketing avant de rejoindre Toyota Europe, où elle pilote notamment le prestigieux « Rendez-Vous Toyota » à Paris, véritable vitrine de la marque. En 2011, elle fait son entrée chez Fiat, où elle lance la nouvelle Panda : un succès populaire qui, déjà, marquait son aptitude à concilier rationalité et émotion.
Les années suivantes confirment son ascension : direction marketing multi-marques (Fiat, Abarth, Lancia, Alfa Romeo, Jeep), puis direction d’Alfa Romeo pour la région EMEA de 2017 à 2019. Un rôle stratégique qu’elle assume avec brio, à une époque où la marque au Biscione cherchait à redéfinir son identité premium. En 2021, au sein de Stellantis, elle prend la responsabilité d’Alfa Romeo et Lancia pour l’Europe élargie, avant de diriger Stellantis & You, le réseau de distribution du groupe. Autant dire qu’elle connaît la maison de l’intérieur.
Une femme à la tête d’un mythe
Aujourd’hui, c’est Lancia, ce nom chargé de légendes – de la Flaminia à la Stratos, de la Delta HF à la Thema – qui se tourne vers elle. La mission n’est pas anodine : transformer une marque patrimoniale en symbole de modernité, d’élégance et de durabilité. Une métamorphose déjà amorcée avec la nouvelle Ypsilon électrique, première pierre d’une gamme inédite qui s’enrichira de deux modèles dans les années à venir.
« C’est un privilège de diriger une marque qui représente l’essence même de l’élégance italienne : beauté, sportivité et esprit pionnier », déclare Roberta Zerbi. Une déclaration qui sonne comme un manifeste : préserver l’âme de Lancia tout en la propulsant dans une ère nouvelle, électrifiée et assumée.
Les femmes et l’automobile : un tournant générationnel
Voir une femme à la tête d’une marque automobile reste encore trop rare pour ne pas être souligné. Certes, les exemples se multiplient — Linda Jackson chez Peugeot, Mary Barra chez General Motors, Leena Gade dans le sport automobile — mais la route reste longue. Pendant des décennies, les femmes ont été la cible des publicités auto, rarement leurs autrices. Leur présence dans les instances dirigeantes des constructeurs est encore loin de la parité : selon l’Association européenne des constructeurs automobiles (ACEA), elles ne représentent que 18 % des postes de direction dans l’industrie.
Roberta Zerbi, avec son profil à la fois stratégique et sensible à la valeur des marques, incarne une évolution plus structurelle qu’anecdotique : celle d’un management plus inclusif, plus intuitif, et sans doute plus à l’écoute des transformations sociétales. Dans un contexte où l’électrification bouleverse les certitudes, les marques doivent se réinventer. Et les femmes, longtemps écartées de cette conversation, apportent une vision différente : moins centrée sur la puissance brute, plus sur l’usage, la durabilité, le lien émotionnel avec l’objet automobile.
Lancia, la renaissance au féminin
Sous la houlette de Roberta Zerbi, Lancia pourrait bien devenir le laboratoire de cette nouvelle ère. Une renaissance où le design et l’élégance ne se réduisent plus à des artifices, mais traduisent une cohérence entre patrimoine et innovation, entre intelligence et désir. La direction qu’elle s’apprête à donner à la marque est celle d’un équilibre : ne pas renier le passé glorieux de Lancia, mais lui donner les moyens de parler au présent.
Au fond, son arrivée marque un moment charnière : celui où l’industrie automobile, après des décennies dominées par des figures masculines, commence à valoriser d’autres formes de leadership. Plus humaines, plus modernes, et peut-être plus adaptées à l’époque.
Roberta Zerbi prend donc la tête de Lancia avec une feuille de route exigeante, mais un atout rare : la capacité à faire dialoguer passion et raison. Et si c’était ça, finalement, le vrai moteur du changement ?
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