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Sølve Sundsbø réalisera le Calendrier Pirelli 2026 : un monde visuel inattendu en préparation

Le célèbre photographe de mode norvégien, installé à Londres, promet un univers « visuellement inattendu » pour l’édition 2026 du mythique calendrier. Avec lui, le Pirelli Calendar s’apprête à repousser les frontières de l’image.

Le Pirelli Calendar — ou The Cal, pour les initiés — est bien plus qu’un simple almanach promotionnel. C’est un objet de culte visuel, une vitrine de l’imaginaire collectif autour de la beauté, du style et de l’époque. En choisissant Sølve Sundsbø pour réaliser sa 52e édition, Pirelli donne une nouvelle impulsion créative à une tradition photographique qui ne cesse de se réinventer depuis 1964.

Connu pour sa capacité à manipuler le réel avec un souffle onirique et expérimental, Sundsbø s’inscrit dans la lignée des grands noms ayant immortalisé le calendrier — de Helmut Newton à Annie Leibovitz, en passant par Herb Ritts ou Peter Lindbergh. « Être choisi, c’est comme gagner un prix », confie le photographe. « Mais ensuite, il faut le mériter, en réalisant le Calendrier. »

La réalité réinventée

Sølve Sundsbø ne photographie pas : il transforme. Il crée des univers. Depuis ses débuts dans les années 1990, il alterne techniques analogiques et innovations numériques, mêlant 3D scanning, peinture manuelle et retouche digitale avec un seul objectif : créer des images qui dérangent la réalité pour en extraire une vérité plus profonde, presque émotionnelle.

Son portfolio est à la mesure de son ambition : de Tilda Swinton à Brad Pitt, de Zendaya à Cate Blanchett, il a photographié les plus grandes icônes de notre époque, souvent pour les pages de Vogue Italia, i-D, Love, ou The Face. Mais son regard, très personnel, puise dans des influences nordiques. « La Norvège m’inspire toujours. Il y a quelque chose de très pur dans ce paysage, une forme d’abstraction naturelle. »

Un regard singulier sur la beauté

Loin des canons figés, Sundsbø propose une lecture plastique, parfois dérangeante, toujours fascinante de la beauté. On se souvient de son image emblématique pour Coldplay — la pochette de l’album A Rush of Blood to the Head — née d’une commande du magazine Dazed & Confused : une silhouette issue d’un scan 3D, le sommet du crâne effacé, des pointes surgissant du dos.

Autre exemple marquant : sa série pour l’exposition Alexander McQueen: Savage Beauty au MET en 2011. Les mannequins vivants sont devenus des statues spectrales, enduits de peinture acrylique, la tête effacée ou remplacée, comme figés entre vie et mort. Plus récemment, son film 14 Actors Acting pour le New York Times, lauréat d’un Emmy Award, ou son installation vidéo monumentale avec W Magazine lors de la Fashion Week de New York, ont confirmé son talent à étirer l’image dans le temps et l’espace.

Le Pirelli Calendar, toujours plus loin

Que nous réserve donc l’édition 2026 du Pirelli Calendar ? Sundsbø reste discret, mais laisse filtrer quelques indices : « Je veux apporter un monde visuellement inattendu. Un monde saisissant, capable de créer une connexion émotionnelle avec le spectateur. »

L’artiste évoque une « équipe incroyable » et un « casting remarquable » déjà réunis autour du projet. Et on le croit volontiers. Si The Cal a abandonné ses penchants purement érotiques depuis longtemps au profit d’une vision plus artistique et inclusive de la féminité (souvenons-nous de l’édition 2016 signée Leibovitz mettant en avant des femmes influentes comme Serena Williams ou Patti Smith), l’ère Sundsbø pourrait inaugurer une nouvelle exploration du corps et de l’âme, dans un dialogue inédit entre chair, lumière et virtualité.

Une icône culturelle en mutation

Depuis six décennies, le Pirelli Calendar joue le rôle de sismographe visuel des bouleversements culturels et sociaux. Il a vu passer les supermodels des années 1980, les actrices des années 2000, les muses intellectuelles des années 2010. À travers l’œil de Sundsbø, 2026 pourrait bien marquer une nouvelle époque — où l’image de mode se pense plus que jamais comme une œuvre d’art totale.

Alors que les frontières entre art, mode, technologie et engagement s’estompent, Sundsbø s’annonce comme le metteur en scène idéal pour donner corps aux interrogations contemporaines sur la beauté, l’identité et la perception. À suivre donc, avec une curiosité impatiente.




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