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Sung Kang, de Han à réalisateur : l’authentique retour aux racines de la culture JDM

Pour des millions de fans, l’acteur Sung Kang restera Han Lue, l’archétype du senpai (grand frère) cool du drift, popularisé par la franchise Fast & Furious. Mais au-delà de son rôle emblématique, Kang est aujourd’hui le fer de lance d’un mouvement cherchant à rendre à la culture du tuning JDM ses lettres de noblesse et, surtout, son histoire.

Kang prend un risque majeur avec son premier long-métrage, « Drifter », qu’il écrit, réalise et interprète. Ce film n’est pas qu’un projet personnel ; c’est une déclaration d’amour, un témoignage de gratitude envers la communauté automobile qui l’a sauvé.

Du Scrubbing hollywoodien à la révélation de Tokyo Drift

Une réalité amère pour la culture automobile : si Fast & Furious a popularisé le tuning auprès du grand public, le film original des années 2000 avait effacé les origines du mouvement. Le tuning des voitures japonaises — Hondas à traction avant et autres marques JDM — était initialement une contre-culture largement initiée et portée par la communauté asiatique-américaine, en rébellion contre le culte des muscle cars.

Lorsque le premier film est sorti, il a été perçu comme une trahison par la scène, les Américains d’origine asiatique étant relégués à des rôles de méchants unidimensionnels. Il fallut attendre le troisième opus, « Tokyo Drift », dirigé par Justin Lin, pour que la franchise rende enfin hommage à ses racines JDM : pas de dialogues trop édulcorés, des sons d’échappement enregistrés correctement, et, surtout, un protagoniste asiatique central : Han.

Han, avec son calme et sa maîtrise du drift, est devenu la figure idéale pour représenter l’essence de la culture JDM. Ce personnage n’était d’ailleurs pas une invention Fast & Furious, mais venait du film indépendant de Lin, « Better Luck Tomorrow », qui avait déjà brisé le mythe du « model minority » (minorité modèle) attribué aux Américains d’origine asiatique.

La renaissance par la mécanique

Paradoxalement, Sung Kang n’est devenu un acteur actif de la culture automobile que tardivement. Issu d’un milieu modeste, il n’a pu se permettre sa première voiture de projet qu’après ses succès à Hollywood.

En 2015, il s’offre une Datsun 240Z de 1973 qu’il nomme « Fugu Z ». Ce projet, qui visait à l’origine à trouver un hobby avec des amis, le mène à Kenji Sumino, le président de GReddy (distributeur de Rocket Bunny). Les longues nuits passées à l’atelier de GReddy pour transformer la Z de stock à la star du SEMA Show ont été, selon Kang, bien plus importantes que les trophées remportés :

« Ce n’est pas la voiture qui compte ; ce sont les gens autour d’une voiture donnée. […] Les mentors, les frères et sœurs, et les expériences partagées. »

Ce même esprit communautaire a été au cœur de ses projets suivants : le « Project Underdog », une Ford Maverick construite avec des étudiants d’écoles techniques, ou la « DocZ », une autre 240Z, sauvée de la déchéance et restaurée avec des pionniers du drag Honda comme Erick Aguilar d’Erick’s Racing.

L’authenticité comme thérapie

Le lien avec la mécanique est devenu un véritable refuge pour Kang. Durant une période où les rôles se faisaient rares à Hollywood (un problème récurrent pour les acteurs asiatiques-américains), Kang a admis que la DocZ lui a « sauvé la vie ». Le processus créatif, la recherche de pièces, le travail acharné avec des mentors comme Aguilar et Nino Tecson (NiZnoTec) lui ont donné une raison de se lever.

C’est cette authenticité, cette conviction que la voiture n’est qu’un sous-produit des relations humaines qu’elle crée, qui nourrit aujourd’hui son film, « Drifter ». Tourné en partie sur l’historique Englishtown Raceway Park, le film est l’aboutissement de ces expériences, avec des figures de la communauté, comme le champion de Formule Drift Dai Yoshihara (doublant pour les cascades) et des amis de longue date (Gwan Thé et Chris Marion) qui ont encouragé le projet.

Le film, dont le titre fait écho à son quatrième projet, la VeilSide 78 (en référence au proverbe japonais fall down seven times, get up eight), est la tentative de Sung Kang de redonner à la culture tuning le récit sincère et respectueux qu’elle mérite.




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