lindsay-Brewer

Lindsay Brewer : influenceuse, mannequin… et surtout pilote de course

Cheveux blonds parfaitement coiffés, sourire éclatant et plus de 3,8 millions d’abonnés sur Instagram : Lindsay Brewer a tout d’une star des réseaux sociaux. Mannequin pour des marques prestigieuses, habituée aux shootings glamour et aux partenariats, elle pourrait se contenter d’un rôle d’influenceuse bien installée. Mais la jeune Américaine de 28 ans a un secret bruyant : avant les flashs, il y a le son d’un moteur. Et derrière les photos léchées, il y a une vraie pilote de course.

Car Lindsay n’a pas grandi dans l’univers des podiums de mode mais sur les pistes de karting. Dès l’âge de 11 ans, elle apprend la rudesse du duel roue contre roue. « C’est là que j’ai appris l’agressivité en piste », confie-t-elle. De quoi nourrir un rêve de pilote… qu’elle met pourtant en pause à 17 ans pour poursuivre ses études. Un choix qui lui permet de bâtir, presque par hasard, une notoriété immense sur les réseaux sociaux. « Je ne pensais pas que cela prendrait autant d’ampleur, mais ça m’a permis de créer des opportunités », explique-t-elle avec lucidité.

Entre image et passion

Cette double identité, Lindsay l’assume pleinement : influenceuse ET pilote. Elle ne cache pas que ses revenus digitaux financent ses saisons de course. « Sans cela, je n’aurais pas les moyens de courir aujourd’hui. Mais je suis pilote avant tout. » Ce positionnement suscite parfois des jugements. « Les gens auront toujours une opinion. Certains diront que je ne suis pas sérieuse. Mais je connais ma valeur. »

Ce mélange des genres est aussi une arme à double tranchant. Si sa notoriété lui ouvre des portes, elle attire aussi les critiques d’un milieu où la légitimité se construit d’abord en piste. Lindsay le sait : ce sont ses résultats qui feront taire les doutes.

Le choc de l’Indy NXT

En 2024, elle tente un pari risqué : rejoindre l’Indy NXT, l’antichambre de l’IndyCar. L’occasion de vivre son rêve américain… mais aussi une épreuve douloureuse. La monoplace lui impose un défi physique colossal. Pas de direction assistée, des forces latérales écrasantes, une exigence qui met à rude épreuve son gabarit léger. « Je m’entraînais cinq jours par semaine, je faisais attention à mon alimentation, mais je n’étais pas assez costaude pour encaisser. »

Les résultats ne suivent pas : deux modestes 15es places à St. Petersburg et Laguna Seca. Son entourage la pousse à gravir les échelons trop vite, elle s’y brûle les ailes. « Ma confiance était au plus bas », avoue-t-elle. Comme beaucoup de pilotes avant elle, Lindsay découvre que le timing est aussi important que le talent.

La renaissance en GT

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. En 2025, elle trouve refuge dans un univers plus accueillant : le Super Trofeo Lamborghini North America, au sein de Rafa Racing. Changement d’ambiance. « L’équipe est comme une famille. Elle veut me faire progresser. Si je me rate, on m’aide à me relever. »

Et ça marche. Dès le printemps, Lindsay enchaîne les podiums, puis décroche en août sa première victoire à Road America, aux côtés de sa coéquipière britannique Jem Hepworth. « C’était mon circuit préféré, un endroit incroyable pour gagner », raconte-t-elle, rayonnante. L’instant est symbolique : elle redevient pilote avant tout.

Des rêves en grand format

L’Indy 500 ? Elle n’exclut pas d’y retourner un jour. Mais désormais, c’est l’Endurance qui l’attire. Les 24 Heures du Mans, qu’elle a découverts en spectatrice cette année, l’ont profondément marquée. « L’ambiance est unique. C’est un rêve d’y courir. »

Pourquoi pas avec Cadillac, qui l’a invitée sur le circuit sarthois ? Lindsay aimerait construire une relation à long terme avec un constructeur, à l’image de Samantha Tan avec BMW. Et pourquoi pas tester un jour une LMP2, elle qui adore les voitures légères, agiles, avec beaucoup d’appui ? « Je pense que ça m’irait parfaitement », sourit-elle.

Réseaux sociaux : contrainte ou force ?

Impossible d’évoquer Lindsay Brewer sans parler de son univers digital. Les critiques persistent : peut-on vraiment être pilote ET influenceuse ? Elle renvoie l’argument avec pragmatisme : « Toutes les équipes font des TikTok, des vidéos… C’est entré dans la culture du sport auto. »

Son approche : montrer les coulisses, partager sa passion, sans jamais oublier l’essentiel : ses résultats. « Les podiums parlent d’eux-mêmes », glisse-t-elle.

Et les femmes dans tout ça ?

Sur la place des femmes en sport auto, Lindsay se veut réaliste. « Il n’y a pas de raison qu’une femme ne gagne pas face aux hommes. Le problème, c’est le nombre : sur mille pilotes masculins, il y a dix femmes. Statistiquement, il y a moins de championnes. » La clé, selon elle, réside dans le karting, où il faut encourager les jeunes filles à franchir la barrière des paddocks.

Elle s’inspire des Iron Dames, de Jamie Chadwick ou encore de Samantha Tan, ces femmes qui prouvent chaque week-end qu’elles ont leur place. Elle aussi veut être un modèle.

Lindsay Brewer, bien plus qu’une image

Influenceuse ? Oui. Mannequin ? Aussi. Mais surtout pilote, obstinée, passionnée et déterminée à faire ses preuves. Son parcours chaotique, entre échecs et victoires, illustre à merveille les défis d’une génération de femmes pilotes : devoir en faire deux fois plus, tout en étant scrutée sur tout.

Avec un premier succès en Lamborghini Super Trofeo et une nouvelle confiance retrouvée, Lindsay Brewer avance. Car au-delà des millions de likes, une vérité demeure : sur un circuit, seuls comptent les tours bouclés et la ligne d’arrivée franchie.




Il n'y a aucun commentaire

Ajoutez le vôtre