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En Italie, on retire le permis pour usage du téléphone au volant — et ça marche

Et si la solution pour que les automobilistes lâchent enfin leur téléphone au volant venait d’Italie ? Depuis la fin de l’année dernière, le pays a adopté une méthode radicale : le retrait pur et simple du permis de conduire pour toute personne surprise en train d’utiliser son téléphone au volant. Résultat : en quelques mois, la mortalité routière a chuté de 20 %.

Une mesure forte, presque brutale, mais visiblement efficace. Et si la France osait la même chose ?

Le téléphone au volant, une addiction collective

Soyons honnêtes : qui n’a jamais touché son téléphone en conduisant ? Un message rapide à lire, un appel à décrocher, un GPS à ajuster… ou pire, une notification de réseau social qui attire l’œil. C’est devenu un réflexe quasi compulsif, entretenu par nos habitudes de vie ultra-connectées.
Mais ce geste banal est aussi un tueur silencieux : près d’un accident sur dix en France implique une distraction liée à l’usage du téléphone. Et selon la Sécurité routière, le risque d’accident est multiplié par trois lorsqu’on le consulte au volant.

Malgré les campagnes de prévention, malgré les amendes, malgré les rappels à la raison, les comportements évoluent peu. On a beau savoir que c’est dangereux, on se dit toujours que “cette fois, ça ira”.

En Italie, on ne plaisante plus

C’est dans ce contexte que l’Italie a décidé de frapper fort. Depuis décembre 2024, tout conducteur surpris en train d’utiliser son téléphone en conduisant s’expose à un retrait immédiat de permis.
La sanction est dissuasive :

  • Suspension du permis de deux semaines à deux mois,

  • Amende entre 250 et 1 000 €,

  • Et, en cas de récidive, jusqu’à 1 400 € d’amende et trois mois de retrait de permis.

En seulement trois mois, 17 607 conducteurs ont déjà perdu leur permis. Ce chiffre peut sembler énorme, mais il traduit surtout une tolérance zéro qui, selon les autorités italiennes, a déjà sauvé des vies.

D’après les chiffres relayés par AutoBild, le pays a enregistré une baisse de 20 % du nombre de décès sur les routes, 8,8 % de blessés en moins, et 5,5 % d’accidents évités. En clair : 61 vies auraient été épargnées depuis l’entrée en vigueur de la mesure.

Un modèle inspirant ?

Cette approche n’est pas complètement nouvelle : la Belgique applique depuis plusieurs années une sanction similaire, avec retrait de permis à la clé. Et les résultats y sont aussi encourageants.
Aux Pays-Bas, l’amende est de 430 €, mais la police peut également retirer le permis en cas de comportement dangereux, grâce à ce qu’ils appellent la “loi du porte-manteau” — un article juridique qui permet d’intervenir dès qu’un conducteur met en danger sa vie ou celle d’autrui.

La différence, c’est que l’Italie en a fait une mesure nationale, systématique et visible. Les contrôles sont renforcés, les sanctions rapides, et la communication claire : plus d’excuses, plus de tolérance.

Et en France, on attend quoi ?

En France, l’usage du téléphone au volant est sanctionné par 135 € d’amende et un retrait de trois points. C’est peu, comparé à la gravité du risque.
Certes, la Sécurité routière multiplie les campagnes, souvent bien pensées — on se souvient du slogan “Au volant, le bon réflexe, c’est de décrocher” — mais la sanction reste avant tout symbolique.
Résultat : les chiffres stagnent, et le téléphone reste l’une des premières causes de distraction mortelle sur la route.

L’idée d’un retrait de permis pourrait-elle faire bouger les lignes ? Sans doute. Car ce type de sanction a une vertu essentielle : elle rend le risque personnel et concret. On ne parle plus d’argent ou de points, mais de mobilité. De liberté. Et quand on sait que 70 % des Français utilisent leur voiture chaque jour, perdre son permis, c’est une vraie punition.

Une mesure radicale, mais pédagogique

Certains diront que c’est trop sévère. Que cela pourrait pénaliser des automobilistes “de bonne foi”. C’est vrai, et il faudra toujours une part de discernement dans l’application de la loi.
Mais le signal envoyé serait fort : le téléphone au volant n’est pas une simple distraction, c’est une mise en danger délibérée.

L’objectif n’est pas de punir, mais de protéger — de nous protéger de nous-mêmes, en somme. D’ailleurs, les chiffres italiens parlent d’eux-mêmes : les automobilistes ont modifié leurs comportements en quelques semaines à peine. Et les routes s’en portent mieux.

Et si on testait en France ?

On pourrait commencer par une expérimentation : dans certaines régions ou sur certains axes, instaurer une suspension automatique du permis pour usage du téléphone.
L’idée n’est pas de piéger, mais de responsabiliser. D’envoyer le message qu’au volant, aucune notification n’a plus de valeur qu’une vie humaine.

Car c’est bien de cela qu’il s’agit : sauver des vies, tout simplement. Et si l’Italie nous montre la voie, pourquoi ne pas suivre son exemple ?




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