A2RL Saison 2 : quand l’IA se met à piloter comme un vrai champion – et qu’Abu Dhabi devient le théâtre d’une course aussi brillante que chaotique
À Yas Marina, on a eu droit à un parfum de futur… mais pas celui, lisse et parfaitement maîtrisé, qu’on nous promet parfois lorsqu’il s’agit d’intelligence artificielle. Non : la saison 2 de l’A2RL, l’Abu Dhabi Autonomous Racing League, a prouvé que les voitures autonomes peuvent désormais offrir un spectacle aussi imprévisible, nerveux et palpitant qu’un vrai Grand Prix. Avec six monoplaces capables de dépasser à plus de 250 km/h, des crashs qui feraient grimacer n’importe quel ingénieur et un duel fascinant entre un ex-pilote de F1 et une IA affûtée comme jamais (en attendant la prochaine mise à jour), on a assisté à un moment charnière dans l’histoire du sport automobile.
Pour un site comme envoiturecarine.fr, qui aime raconter la mobilité autrement, cette course est un laboratoire à ciel ouvert : un mélange d’innovation folle, d’émotions brutes et de technologie qui, peu à peu, vient bousculer l’imaginaire collectif autour de la conduite. Et franchement… quel spectacle.
Une première mondiale : six monoplaces autonomes lancées en même temps
C’était l’image forte : six monoplaces autonomes alignées sur la grille, prêtes à s’élancer ensemble dans une course réelle, avec trafic, stratégie et gestion des risques. Pas un show marketing, pas une démonstration ponctuelle : une compétition complète, chronométrée, où chaque équipe laisse son IA piloter sans intervention humaine.
Et dès les premiers mètres, on a compris que cette saison ne serait pas une simple vitrine technologique. Dans le virage 6, l’équipe italienne Unimore surprend tout le monde en prenant l’avantage sur les tenants du titre, la TUM (Technical University of Munich). Une attaque propre, incisive, parfaitement exécutée – comme si les capteurs, les radars et les lignes de code avaient soudain retrouvé le panache d’un pilote latin sûr de son coup.
Pendant dix tours, les deux voitures se livrent une bagarre somptueuse, roue dans roue, séparées de quelques dixièmes. Et on se surprend à retenir son souffle comme devant un duel Hamilton–Verstappen des grandes années.
Le chaos, comme dans une vraie course
Mais la compétition automobile, même autonome, n’échappe pas aux erreurs. Et l’IA n’est pas encore infaillible. À mi-course, alors qu’Unimore tente de prendre un tour à la voiture de l’équipe Constructor, l’analyse de trajectoire se complique, l’anticipation se fait trop optimiste… et la collision devient inévitable.
Deux voitures hors course, une trajectoire de victoire qui s’effondre, et une TUM opportuniste qui saisit immédiatement l’ouverture. Comme n’importe quelle équipe de pointe l’aurait fait.
Au final, la TUM remporte un deuxième titre consécutif, devant TII Racing (Émirats arabes unis) et PoliMOVE (Italie), dans un podium qui reflète autant l’excellence académique que la maîtrise algorithmique.
Marko Bertogna, responsable d’Unimore, résume la situation avec une honnêteté rafraîchissante :
« Même un pilote humain n’aurait pas pu éviter cette collision. C’est la nature de la course de haute performance. »
Même les ingénieurs commencent à parler comme des pilotes.
Kvyat face à l’IA : un duel presque trop serré pour être vrai
L’autre moment fort du week-end, c’est évidemment le face-à-face entre Daniil Kvyat, ex-pilote de Formule 1, et HAILEY, l’IA de la TUM.
Ce duel est devenu l’indicateur le plus clair de la progression fulgurante de la conduite autonome de compétition. Il y a 18 mois, l’IA était à des années-lumière : l’écart se comptait en minutes. En 2023 ? Dix secondes. Cette année ?
Daniil Kvyat : 57.57 s
HAILEY (IA) : 59.15 s
Seulement 1,58 seconde d’écart. Une éternité en technologies numériques, mais une poussière dans l’univers de la course.
Kvyat le reconnaît lui-même :
« Voir l’écart se réduire autant, c’est stupéfiant. Piloter aux côtés d’une IA, c’est une sensation unique. Elle n’a pas de peur, pas d’hésitation. »
Et c’est peut-être là que tout devient fascinant – voire un peu vertigineux : la machine n’a pas de doute, mais elle apprend. Et surtout, elle apprend vite.
Plus qu’un show, un laboratoire pour nos voitures de demain
Il serait facile de ne voir dans cette course qu’un gadget futuriste ou un spectacle pour geek. Mais ce serait passer à côté de son importance réelle. Comme le rappelle H.E. Faisal Al Bannai, l’un des architectes du projet, l’A2RL n’est « pas seulement une course, mais de la science dans le domaine public ».
Chaque virage, chaque dépassement, chaque accident même, devient une base de données pour concevoir les futurs systèmes de conduite autonome, pour affiner la perception environnementale, pour améliorer les réactions d’urgence. Les logiciels testés ici sont les ancêtres directs de ceux que l’on retrouvera, demain, dans les technologies d’assistance évoluées ou les navettes autonomes.
Et quand on voit une IA rouler en peloton, analyser le trafic, anticiper des ouvertures et tenir un rythme comparable à une voiture de course professionnelle, on comprend que ce futur n’est plus une abstraction. Il arrive. Il accélère. Il s’invite dans nos rétroviseurs.
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