Formula 1 Testing in Abu Dhabi

Isack Hadjar, la saison qui change tout

Il suffit de jeter un œil à la grille 2026 pour comprendre à quel point la saison rookie d’Isack Hadjar avec Racing Bulls a pesé lourd. À 20 ans, le Français s’est imposé comme la référence de la cuvée 2025 des débutants en Formule 1, à l’exception notable d’Andrea Kimi Antonelli, le protégé de Mercedes. Là où beaucoup espéraient simplement survivre, Hadjar a, lui, construit une campagne solide, méthodique, presque clinique, en plaçant régulièrement sa monoplace exactement là où son potentiel le permettait.

En qualifications, les chiffres parlent d’eux-mêmes. En moyenne, Hadjar a positionné sa Racing Bulls entre la neuvième et la dixième place sur la grille, un reflet fidèle de la hiérarchie technique de l’équipe. Surtout, il a su convertir ces positions en points avec une régularité remarquable pour un rookie, évitant les erreurs grossières et capitalisant sur chaque opportunité offerte par le peloton.

Pourtant, tout n’avait pas commencé sous les meilleurs auspices. Le Grand Prix d’Australie restera comme l’une des images marquantes de son début de carrière : une piste humide, un tour de formation, et cette sortie de piste malheureuse avant même le départ. Un épisode potentiellement traumatisant pour n’importe quel jeune pilote, a fortiori pour un débutant propulsé sous les projecteurs de la Formule 1 moderne. Là où certains se seraient effondrés, Hadjar a réagi avec une maturité déconcertante.

Dès sa troisième course, au Japon, il signait une huitième place pleine de maîtrise, comme pour rappeler que l’erreur de Melbourne n’était qu’un accident de parcours. À partir de là, sa saison a pris une autre dimension. Course après course, le Français a construit son apprentissage sans précipitation, en comprenant sa voiture, en travaillant ses réglages et en affinant son approche des week-ends de Grand Prix.

La comparaison avec son coéquipier Liam Lawson a rapidement tourné à son avantage. Le Néo-Zélandais, renvoyé chez Racing Bulls après deux week-ends catastrophiques chez Red Bull Racing, arrivait pourtant avec davantage d’expérience. Mais même une fois Lawson remis dans le bain et adapté à sa “nouvelle” réalité, Hadjar s’est montré globalement plus rapide. Le duel en qualifications est sans appel : 21 à 6 en faveur du Français, sprints compris, sans même tenir compte des deux soucis mécaniques qui ont pénalisé Lawson.

Cette domination interne n’a fait que renforcer la crédibilité d’Hadjar au sein de la galaxie Red Bull. Longtemps affublé d’une réputation de pilote fougueux, voire un peu trop sanguin dans les formules de promotion, il a su canaliser son tempérament. Certes, quelques éclats sont remontés à la surface au fil de la saison, mais dans l’ensemble, Hadjar s’est imposé comme une valeur sûre : des mains solides, une lecture intelligente des situations de course et, surtout, une vitesse brute indéniable.

Son premier podium, décroché à Zandvoort, a marqué un tournant. Plus qu’un simple résultat, il a symbolisé son passage dans une autre catégorie : celle des pilotes capables de faire basculer une course quand les circonstances s’y prêtent. À ce moment-là, sa promotion chez Red Bull n’était plus une simple hypothèse, mais une trajectoire logique.

D’autant que, dans le même temps, Yuki Tsunoda n’a jamais réellement trouvé son rythme au sein de l’équipe mère. Les performances en demi-teinte du Japonais ont accéléré les réflexions à Milton Keynes. De “possible”, la montée d’Hadjar est rapidement devenue “inévitable” dans l’esprit des observateurs comme en interne.

Reste une question centrale, presque incontournable lorsqu’on évoque Red Bull Racing : Isack Hadjar a-t-il les épaules pour résister à la pression du fameux deuxième baquet aux côtés de Max Verstappen ? L’histoire récente montre à quel point ce siège peut broyer des carrières prometteuses. Mais le contexte de 2026 pourrait rebattre les cartes.

Le changement de réglementation attendu offre à Red Bull une opportunité rare : repartir d’une feuille presque blanche. L’objectif affiché est clair, concevoir une monoplace plus saine, plus prévisible, et surtout plus exploitable pour deux pilotes, et non plus taillée exclusivement autour du style très spécifique de Verstappen. Dans ce cadre, le profil d’Hadjar, précis, analytique et désormais plus posé, semble parfaitement correspondre à la nouvelle philosophie recherchée.

Le Français arrive en tout cas avec des arguments solides : une saison rookie aboutie, une capacité à apprendre vite, et une résistance mentale déjà éprouvée. La suite reste à écrire, bien sûr. Mais une chose est certaine : en 2025, Isack Hadjar n’a pas seulement découvert la Formule 1. Il a prouvé qu’il y avait toute sa place.




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