John Wick : entre mythe automobile et stratégie de marque
Dans la saga John Wick, tout est affaire de style : le costume est ajusté, les gestes sont précis, et bien sûr, la voiture a une importance presque sacrée. Dès les premières minutes du premier opus, une machine attire l’attention : une Ford Mustang Mach 1 de 1969. Un modèle mythique, iconique même, qui semble incarner la rage contenue du personnage. Pourtant, au fil des films, John Wick change de monture, passant à une autre marque, et à un autre langage. Derrière cette transition, se dessine une stratégie plus complexe mêlant culture automobile et placement marketing habile.
Mustang Mach 1 : une légende comme point de départ
Dès l’ouverture du premier John Wick (2014), on découvre le héros au volant de ce que beaucoup identifient comme une Ford Mustang Boss 429 de 1969. En réalité, il s’agit plutôt d’un modèle Mach 1 légèrement modifié pour ressembler à une Boss, selon les préparateurs du film. La voiture est un choix symbolique fort : brute, charismatique, indomptable. Elle n’est pas un simple accessoire, elle est la métonymie de l’ancien Wick, le professionnel à la retraite, encore maître de lui.
C’est d’ailleurs le vol de cette voiture – couplé à la mise à mort de son chiot – qui sert de déclencheur narratif à toute la série. En ce sens, la Mustang n’est pas juste une muscle car américaine : elle est l’élément déclencheur du retour du « Baba Yaga ».
D’une Mustang à une Charger : muscle cars, round 2
Dans le garage de Wick, on aperçoit également d’autres voitures emblématiques. Le film a utilisé au total plusieurs Mustang pour les cascades, certaines étant des coques de Mach 1 sur châssis modernes. Lors des scènes de poursuite, certaines ont même été transformées en propulsion pour plus de dynamisme visuel, selon les cascadeurs eux-mêmes.
Mais rapidement, la Mustang s’efface, et Wick se retrouve au volant d’une autre muscle car américaine : une Chevrolet Chevelle SS 454 dans le deuxième film (John Wick: Chapter 2, 2017), puis une Dodge Charger SRT blindée, fournie par le Continental Hotel. Cette transition n’est pas anodine : on quitte le passé pour entrer dans une autre dimension, plus militarisée, plus tactique.
Valet, V8 et stratégie de marque
C’est dans cet enchaînement de véhicules que l’on sent le glissement progressif vers une forme de placement de produit plus visible, mais toujours subtile. Dans John Wick: Chapter 2, la présence de la Dodge Charger n’est pas un hasard. FCA (aujourd’hui Stellantis) a collaboré avec les producteurs pour fournir plusieurs véhicules, notamment pour les scènes les plus spectaculaires.
Autre exemple : dans le troisième opus (Parabellum, 2019), c’est une Chevrolet Suburban noire qui transporte les assassins du Continental. Les SUV de GM sont omniprésents, comme dans nombre de blockbusters américains.
Ces choix répondent aussi à des exigences pratiques : les muscle cars américaines sont plus simples à modifier pour les cascades (frein à main hydraulique, renforts châssis, conduite inversée, etc.) et leur silhouette est immédiatement reconnaissable pour le spectateur.
Conclusion : des chevaux pour une légende
Dans John Wick, la voiture ne sert pas seulement à fuir ou à poursuivre. Elle est un prolongement du personnage, comme le sont son costume ou son arme. L’évolution de ses véhicules raconte une histoire parallèle : celle d’un homme arraché à sa retraite, embarqué dans une spirale de violence, et forcé d’évoluer avec les outils disponibles.
Et si les spectateurs retiennent surtout la Mustang comme « la voiture de John Wick », c’est bien qu’une simple scène peut suffire à ancrer une image durable. Un bel exemple de storytelling automobile réussi… et de marketing organique à l’américaine.
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