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Škoda Felicia Fun : le retour inattendu d’une icône culte

Škoda ravive l’esprit de sa pick-up la plus décalée avec une étude de style signée par un designer français. Un hommage vibrant aux années 1990, remis au goût du jour grâce au langage stylistique Modern Solid.

En matière d’automobile, certaines créations échappent aux règles établies et marquent les esprits par leur audace plus que par leurs chiffres de vente. C’est précisément le cas de la Škoda Felicia Fun, pick-up ludique produit entre 1997 et 2000, devenu culte pour une poignée de passionnés. Plus de vingt ans après sa disparition, la marque tchèque a décidé d’en raviver le souvenir, en présentant une réinterprétation contemporaine confiée à un styliste français, Julien Petitseigneur.

L’exercice n’est pas anodin : il illustre la volonté de Škoda de ne pas oublier son patrimoine le plus atypique, tout en le confrontant à sa nouvelle identité visuelle baptisée Modern Solid. Un langage formel inauguré par le concept Vision 7S, désormais appliqué aux modèles de série Elroq et Enyaq.

Quand Škoda osait la couleur et le fun

À la fin des années 1990, Škoda sortait à peine de sa phase de transition, après son intégration dans le groupe Volkswagen en 1991. La marque tchèque travaillait à améliorer son image, longtemps associée à des voitures économiques mais rustiques, en proposant des modèles plus modernes et mieux construits. Dans ce contexte sérieux, la Felicia Fun apparaissait comme un véritable ovni.

Basée sur le pick-up Felicia, elle troquait la rigueur utilitaire contre un esprit « lifestyle » avant l’heure. Carrosserie jaune éclatant, éléments contrastés en vert, orange ou jaune, et surtout une astuce unique : une cloison arrière coulissante permettant de dégager deux places supplémentaires dans la benne. De quoi transformer en quelques secondes un simple pick-up en voiture conviviale pour les escapades entre amis.

Cette modularité inattendue faisait de la Fun un véhicule double usage : mi-utilitaire, mi-cabriolet collectif. Une idée rafraîchissante à une époque où le marché des SUV commençait à peine à décoller, et où la voiture de loisirs restait encore une niche.

Une rareté devenue culte

Produite à seulement 4 216 exemplaires entre 1997 et 2000 dans l’usine de Kvasiny, la Felicia Fun n’a jamais eu de véritable successeur. Trop atypique pour séduire un large public, mais suffisamment originale pour marquer les esprits, elle est aujourd’hui l’une des Škoda les plus recherchées par les collectionneurs.

Son design ne laissait personne indifférent. Le détail le plus insolite restait sans doute la grenouille verte apposée sur le montant B, mascotte non officielle qui symbolisait la liberté, l’insouciance et le plein air. Si Škoda n’a jamais donné d’explication officielle à ce choix, l’animal est devenu indissociable de la Fun dans l’imaginaire collectif.

Sur le marché de l’occasion, trouver une Felicia Fun relève aujourd’hui du défi. Au Royaume-Uni, selon les données de la DVLA, il ne resterait qu’environ 80 exemplaires immatriculés. En Europe continentale, la rareté est similaire, et la cote s’envole pour les modèles bien conservés.

La Felicia Fun réinventée

Avec son étude de style, Julien Petitseigneur a choisi de canaliser l’essence décalée de l’original tout en l’inscrivant dans l’air du temps. On retrouve ainsi les codes Modern Solid : surfaces épurées, proportions affirmées et signature lumineuse en T à l’avant. La face avant arbore le désormais incontournable Tech-Deck Face, encadré de fins projecteurs LED.

Les flancs sont musclés par des passages de roues noirs et des bas de caisse massifs, contrastant avec la peinture jaune qui rend hommage à la livrée historique. À l’arrière, le becquet pleine largeur est conservé, mais le bandeau lumineux adopte une originalité : il diffuse une lumière rose néon au lieu du traditionnel rouge. Des touches de ce rose fluorescent se retrouvent dans les jantes et même dans les vitrages, accentuant le côté ludique de l’ensemble.

Un intérieur entre nostalgie et futurisme

La réinterprétation ne se limite pas à l’extérieur. À bord, le designer a imaginé une planche de bord numérique couvrant toute la largeur, dont les graphismes s’inspirent des jeux vidéo rétro. Les écrans, volontairement stylisés comme des moniteurs cathodiques des années 1990, donnent un côté volontairement nostalgique, en contraste avec leur technologie actuelle.

Si l’on ne retrouve pas la fameuse cloison coulissante et ses deux places d’appoint, le concept conserve des proportions qui permettraient, en théorie, de les réintroduire dans une version de série.

Une démarche personnelle et passionnée

Julien Petitseigneur raconte avoir choisi ce modèle pour sa dimension émotionnelle :

« La Felicia Fun était purement fun – elle ne se prenait pas au sérieux et elle se démarquait d’une manière rare pour une Škoda. En travaillant sur ce projet, j’ai même envisagé d’en acheter une d’époque. »

Son interprétation se veut respectueuse de l’esprit originel. La Felicia Fun, avec ses formes simples et dépouillées, se prêtait parfaitement à un exercice de modernisation par les détails : proportions revues, surfaces lissées, mais sans dénaturer l’ADN.

Un clin d’œil à une époque plus insouciante

La renaissance de la Felicia Fun n’annonce pas une production en série, mais elle rappelle que l’automobile peut aussi se permettre de cultiver un brin d’excentricité. À l’heure où les gammes tendent à s’uniformiser, Škoda prouve qu’elle n’a pas oublié son goût pour les voitures qui font sourire.

Et si cette étude n’est qu’un hommage, elle pourrait bien relancer l’intérêt pour l’un des modèles les plus rares et attachants de la marque. Après tout, qui n’aurait pas envie de retrouver, le temps d’un week-end, le plaisir insouciant d’une pick-up jaune canari au sourire de grenouille ?




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