La Lune sous le Chapeau : quand Man Ray éclaire à nouveau le monde
Il y a dans certains objets une poésie silencieuse. Une manière de capter la lumière, mais aussi le temps, les époques, les émotions. La Lune sous le Chapeau, rééditée aujourd’hui par Warli sous l’impulsion de Paolo Zani, en fait partie.
Une lampe née d’un geste, d’un dessin de Man Ray en 1974 — et qui, cinquante ans plus tard, retrouve sa place au firmament du design.
Un souvenir d’étudiant, un coup de foudre esthétique
Paolo Zani n’était encore qu’un jeune étudiant en design lorsqu’il croisa pour la première fois le chemin de cette création hors du commun. C’était chez Sirrah, à Imola, la maison d’éclairage fondée par Dino Gavina, figure visionnaire du design italien.
Dans ce temple de la lumière, Zani découvre un objet qui semble suspendu entre art et fonction : une lampe à la fois lunaire et essentielle, dont la simplicité touche à la perfection.
« J’ai vu La Lune sous le Chapeau pour la première fois et j’en ai offert une à mes parents, » se souvient-il aujourd’hui, avec une émotion intacte.
Ce geste, presque filial, marque le début d’une relation intime avec un objet devenu culte. Car, comme souvent en design, le coup de foudre esthétique naît d’une évidence : la beauté du dépouillement.
L’art de retirer sans appauvrir
Man Ray, artiste surréaliste et photographe de génie, a toujours aimé brouiller les frontières entre disciplines. Son approche de l’objet n’obéit à aucune logique industrielle, mais à celle du trait pur, du geste instinctif.
Pour La Lune sous le Chapeau, il imagine un abat-jour en bristol, roulé sur lui-même, d’un seul tenant, simplement posé sur un anneau circulaire au-dessus de l’ampoule. Pas de vis, pas de colle, pas d’assemblage complexe.
Juste un dessin devenu lumière.
« En design, enlever sans appauvrir est toujours plus difficile qu’ajouter, » confie Paolo Zani.
Une leçon d’épure, que peu de créateurs parviennent à maîtriser sans tomber dans la froideur.
Quand le passé éclaire le présent
Rééditer La Lune sous le Chapeau, ce n’est pas seulement rendre hommage à Man Ray. C’est réinterpréter l’intention originelle à la lumière de notre époque.
Les matériaux évoluent, les sources lumineuses aussi : fini le bristol fragile, place à des matériaux contemporains, durables et adaptés aux ampoules LED.
Mais l’esprit, lui, reste intact.
Cette lune au chapeau conserve ce quelque chose d’irrévérencieux et d’élégant, ce mélange d’humour et de mystère qui définit si bien Man Ray.
« L’art et le design se sont toujours croisés — et continuent de le faire, » poursuit Zani.
« Notre travail consiste à préserver cette rencontre tout en la rendant pertinente aujourd’hui. »
Un hommage discret, un geste sincère
Sous le socle de la lampe, un détail presque secret : une sérigraphie antidérapante représentant le visage de Man Ray, accompagnée d’une courte histoire de l’objet.
Une signature invisible pour qui ne regarde pas de près, mais essentielle pour qui aime les clins d’œil discrets.
C’est toute la différence entre un produit et une œuvre : le supplément d’âme.
La lumière comme langage
La Lune sous le Chapeau n’est pas une lampe que l’on allume, c’est une présence que l’on invite.
Sa lumière douce, orientable d’un simple geste, semble raconter quelque chose — un murmure de poésie, une conversation entre ombre et clarté.
Elle trouve naturellement sa place dans un intérieur raffiné, au croisement du design et de l’art de vivre.
Et si l’on ferme les yeux un instant, on imagine presque Man Ray, dans son atelier new-yorkais, sourire en coin, esquissant sur un coin de table ce cercle parfait d’où naîtrait la lune la plus surréaliste du design moderne.
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