Depuis le début de l’année en Europe, une voiture sur six vendue est 100 % électrique
L’Europe n’a jamais autant immatriculé de voitures électriques qu’en 2025. Mois après mois, les modèles à batteries grignotent du terrain pendant que les motorisations thermiques traditionnelles reculent nettement. Derrière ce basculement historique se dessine pourtant une réalité plus nuancée qu’il n’y paraît, marquée par de fortes disparités entre pays et par une redéfinition en profondeur des catégories de motorisation. La transition est bien en marche, mais elle ne suit pas exactement le scénario que beaucoup imaginaient encore il y a deux ans.
Un marché globalement stable, mais profondément transformé
Entre janvier et novembre 2025, 9,86 millions de voitures particulières neuves ont été immatriculées dans l’Union européenne. Un chiffre en légère hausse de 1,4 % par rapport à la même période de 2024, mais qui reste très en deçà des volumes d’avant la pandémie. Le marché automobile européen peine toujours à retrouver son niveau historique, freiné par l’inflation, la hausse des taux et un pouvoir d’achat sous tension.
Pourtant, derrière cette apparente stagnation, le paysage énergétique connaît une mutation profonde. Les ventes de voitures thermiques reculent fortement, tandis que les véhicules électrifiés — et surtout les électriques pures — s’imposent désormais comme un pilier du marché.
Près d’une voiture sur six est désormais électrique
Sur les onze premiers mois de l’année, 1 662 399 voitures 100 % électriques ont été immatriculées dans l’Union européenne. Cela représente une part de marché moyenne de 16,9 %, contre 13,4 % un an plus tôt. En clair, près d’une voiture neuve sur six vendue en Europe fonctionne exclusivement à l’électricité.
L’Association des Constructeurs Européens d’Automobiles (ACEA) qualifie ce niveau de pénétration de « conforme aux prévisions annuelles », tout en rappelant que le rythme devra encore s’accélérer pour répondre aux objectifs climatiques européens. La progression reste néanmoins spectaculaire, portée par une offre de plus en plus large, des autonomies en hausse et une acceptation croissante du véhicule électrique dans le quotidien des automobilistes.
L’hybride, grand gagnant… sous toutes ses formes
Si l’électrique pur attire l’attention, ce sont pourtant les hybrides qui dominent aujourd’hui le marché européen. Au sens large retenu par l’ACEA — incluant les micro-hybrides et les hybrides auto-rechargeables — ils totalisent 3 408 907 immatriculations, soit 34,6 % de part de marché.
Les hybrides rechargeables (PHEV) confirment, eux aussi, une dynamique très solide. Avec 912 723 unités écoulées, ils progressent de 33,1 % sur un an et atteignent 9,3 % du marché, contre 7,1 % en 2024. Cette croissance est particulièrement marquée dans plusieurs grands pays :
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Espagne : +113 %,
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Italie : +80,6 %,
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Allemagne : +62,7 %.
Ces chiffres traduisent une réalité simple : de nombreux acheteurs, encore hésitants face au tout électrique, se tournent vers des solutions intermédiaires jugées plus rassurantes.
Essence et diesel en chute libre
À l’inverse, le recul des motorisations thermiques pures est désormais massif. L’essence ne représente plus que 27 % des ventes, avec 2 665 739 unités, en baisse de 18,6 %. Le diesel, quant à lui, tombe à 9 % de part de marché, après une chute de 24,4 %.
Ensemble, essence et diesel ne captent plus que 36,1 % du marché européen, contre 45,8 % sur la même période de 2024. Un seuil symbolique, qui confirme que le thermique traditionnel n’est plus la norme, mais devient progressivement une alternative parmi d’autres.
Novembre 2025 : l’électrique accélère encore
Le seul mois de novembre 2025 accentue nettement ces tendances. Sur 887 491 immatriculations, les voitures 100 % électriques bondissent de 44,1 %, atteignant une part de marché de 21,3 %. Les hybrides rechargeables suivent avec +38,4 % et 91 699 unités, tandis que les hybrides non rechargeables progressent plus modestement (+4,2 %), malgré des volumes élevés.
À l’inverse, l’essence chute de 21,9 % et le diesel de 23,2 %, confirmant leur marginalisation progressive dans les ventes mensuelles.
Une lecture des chiffres à manier avec prudence
Ces statistiques appellent toutefois une nuance essentielle. L’ACEA ne classe plus les micro-hybrides dans les catégories thermiques, alors que nombre d’entre eux roulent très rarement en mode électrique et reposent quasi exclusivement sur leur moteur à combustion. Une partie de ce qui est aujourd’hui comptabilisé comme « hybride » aurait encore été considérée comme essence ou diesel il y a quelques années.
Malgré cela, la tendance de fond est incontestable : les acheteurs désertent le thermique simple au profit de solutions électrifiées. Et si cette trajectoire se poursuit, les voitures 100 % électriques pourraient dépasser l’essence pure à l’échelle européenne, bien au-delà des marchés pionniers.
Les pays moteurs de l’électrification
Quatre pays concentrent à eux seuls 62 % des immatriculations de voitures électriques :
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Allemagne : +41,3 %,
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Belgique : +10,2 %,
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Pays-Bas : +8,8 %,
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France : +9,1 %.
Des marchés soutenus par des réseaux de recharge de plus en plus denses et des politiques publiques encore incitatives. À l’opposé, la chute de l’essence est particulièrement marquée en France (-32,1 %), devant l’Allemagne (-22,4 %), l’Italie (-17,4 %) et l’Espagne (-14,6 %).
Tesla en recul, symbole d’un marché qui se normalise
Les données par marque étant désormais agrégées par l’ACEA, les analyses fines deviennent plus complexes. Tesla, constructeur exclusivement électrique, offre toutefois un indicateur intéressant. En novembre, la marque immatricule 12 130 véhicules dans l’UE, en baisse de 34,2 % sur un an. Sur onze mois, le recul atteint 38,8 %, avec 129 024 unités et une part de marché ramenée à 1,3 %, contre 2,2 % en 2024.
Un signal clair : le marché électrique européen entre dans une phase de normalisation, où la concurrence s’intensifie et où aucun acteur n’est à l’abri.
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