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Clärenore Stinnes a tracé la route pour les femmes

Je suis tombée sur un documentaire diffusé sur Arte ce soir, samedi 12 décembre, sur une femme très en avance sur son temps dans bien des domaines, notamment l’automobile.

Clärenore Stinnes. Elle est la première femme à avoir effectué le tour du monde en voiture en 1927.

Clärenore est née en 1901,  fille d’un riche industriel allemand et est issue une des familles les plus fortunées de l’Europe spécialisée dans les centrales électriques, les fonderies et les aciéries. Son père employait pas loin de 600 000 personnes dans les années 1920.

Ce père était son modèle, et il était aussi très en avance pour son époque puisqu’il considérait ses enfants, filles comme garçons comme égaux dans son entreprise. Ils y travaillaient tous

La mort prématurée de son père, alors qu’elle n’avait que 23 ans change tout son avenir. Sa mère lui interdit de continuer de travailler et souhaite marier. Chassée de l’entreprise, Clärenore (Clara Eleonore) s’est cherchée un passe temps.

Dans les années 1920, les courses automobiles commençaient à se développer et attirraient des milliers de spectateurs, les pilotes étaient considérés en héros. Sur une course avec 52 pilotes, Clärenore était la seule femme. Elle a remporté la victoire. Elle le dit avec de la fierté mais aussi beaucoup de recul et d’humilité.

Quand on lui a proposé à cette époque, d’adhérer à un club auto féminin, elle a refusé, prétextant qu’elle s’y ennuierait. Sa famille était totalement opposée à sa participation à des courses, elle n’a donc pas soutenu Clärenore pour son tour du monde.

Pourquoi ce désir ? Elle l’a dit elle même, elle aimait la vie au grand air et voulait réaliser un film. Elle a embauché un cameraman professionnel et deux mécaniciens, quelques jours avant le départ. Imaginez un peu, une femme de 26 ans qui part pour un très long périple avec 3 hommes presque totalement inconnus pour elle. Ca a dû faire jaser !

Des tensions se sont faites sentir sur le trajet, notamment lorsque Clärenore a distribué toutes leurs conserves à Tbilissi, ce qui a rendu fou de rage le cameraman Carl Axel. Un autre incident les a obligé à s’arrêter, lorsque l’un des mécaniciens a dû être opéré de l’appendicite. Ils ne repartiront qu’après 2 semaines de repos forcés et avec un seul mécanicien. Malheureusement, un autre abandon aura lieu…

Le véhicule est une Adler, modèle Standard 6. La voiture n’avait même pas encore été essayée lorsque Clärenore l’a récupérée. Elle est sortie d’usine le 20 mai, elle l’a prise le 25, le départ a eu lieu dans la foulée. A la voir, vous comprenez que c’est une voiture conçue pour la ville, pas pour effectuer des tours du monde ! Selon les spécialistes questionnés, c’est une voiture qui exige beaucoup de concentration et qui a du mal à rester sur une ligne droite si on ne l’y force pas.

Tout a été préparé : les points stops, la logistique, l’organisation et tout ça avec un seul objectif : ne jamais abandonner. Beyrouth, Damas, Téhéran, Moscou, le lac Baïkal gelé, Pekin, le Japon, Hawaïï, Lima, Buenos Aires, Vancouver, New York, Washington… Tout ça aura pris un peu plus de 2 ans et 47 000 kms. Une aventure humaine exceptionnelle, des chemins dangereux, des situations où ils ont frôlé la mort, des problèmes mécaniques résolus à la MacGyver… Mais tellement de moments forts, comme la visite de l’usine Ford à Detroit, une invitation à la Maison Blanche…

Et à la fin ? Clärenore Stinnes a épousé l’un de ses compagnons de route avec qui elle eu des enfants et ils vécurent longtemps… Elle est décédée en 1990 à 89 ans et continuait de donner des interviews sur cet incroyable périple.

J’ai trouvé ce docu épatant (encore une fois, merci Arte d’être à la pointe !) je vous le recommande. Il dure 52 minutes et avec le replay, vous aurez droit à 7 jours de disponibilité 😉




Il y a 3 commentaires

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  1. Ravinet

    très bel article sur Clärenore Stinnes . J’ai aussi été impressionné par cette volonté indestructible.
    Elle a vraiment montré l’exemple pour les autres femmes. Je ne suis pas sûr que beaucoup d’hommes pourraient réussir cet exploit à cette époque.

    Un admirateur de ce courage