boitier-rouge-miss-280ch

10 mois plus tard…

C’est bon, bordel !!!

L’an dernier, à la même époque, je préparais mon retour à la vie active. Ce n’était pas évident. Problèmes de communication avec ma hiérarchie, peur du retour, inquiétudes sur le boulot et l’organisation de la vie à la maison avec un enfant qui entre au CP.

Jusqu’à ce que l’on me propose, avant même de réintégrer mon ancien service, de postuler pour un job plus près de chez moi, toujours en horaires décalés.

J’ai donc repris, à 80%, là où j’étais « avant » et où, après, une semaine, j’étais déjà convaincue qu’il ne fallait pas que je m’éternise.

Une petite journée d’oxygénation pour découvrir le comptoir ventes d’Air France à Orly Ouest plus tard, j’étais persuadée que c’était « the place to be ».

Quelques années plus tôt, j’aurai refusé. Tout simplement parce que j’aurai eu la crainte d’avoir les clients en face de moi car ce n’était déjà pas évident au téléphone. Et finalement, Ô surprise, les gens en face de nous ne se comportent pas de la même façon qu’au téléphone.

Et puis surtout, j’ai besoin d’un job qui pulse un peu, où je ne m’ennuie pas, où l’ambiance est solide et soudée. Je suis gâtée. Cela fait 8 mois que je suis à Orly et c’est un pied monumental !

Je suis à peu près sûre que je dois cela au blog, au fait d’avoir rencontré beaucoup de gens très régulièrement en 4 ans, de ne désormais plus pouvoir me passer de contact humain (même si j’aime être peinarde par moments).

Mon planning est simple, 2 matins tôt, 2 soirs, 4 jours de repos (80% oblige). Alors oui, la vie à la maison a un peu changé mais je suis heureuse que mon fils me voit travailler et encore plus ravie quand je lui raconte des anecdotes sympas ou drôles.

J’ai aussi vécu des moments pas simples, entre les problèmes liés à la neige cet hiver, les multiples grèves de toutes sortes (contrôleurs aériens, SNCF et nous mêmes) et les gros départs en vacances. Il m’est arrivé de compter le nombre de personnes auxquelles je parlais en une journée de travail. Je suis montée à plus de 80.

Il y a des gens cools, des gens stressés, des gens énervés, des gens hypers chafouins, mais l’avantage du face-à-face, c’est que les clients osent moins vous insulter que par téléphone (il faut un poil plus de cran pour insulter quelqu’un en face que lors d’un appel limite anonyme). Les très rares fois où j’ai eu des vrais clashs, 2 fois sur 3 les gens revenaient s’excuser avec des petites gourmandises achetées chez Ladurée…

On a aussi le privilège de voir des gens un peu connus. Parfois, j’ose un selfie. Parfois, je n’ose pas. Parfois je me dis « ah tiens, il/elle est sympa » ou alors « oh purée, il/elle avait pourtant l’air sympa mais en vrai, il/elle est pas simple » 😉

Un aéroport, c’est un lieu particulier, une mini-ville. Il y a ceux qui y bossent et ceux qui ne font que passer. Et c’est là qu’on rigole. Etant donné que les gens viennent pour prendre un avion, on croise de tout : les habitués (les Platinum/Gold et abonnés qui voyagent tous les 2/3 jours) et les touristes. Il y a un phénomène qui n’arrive que dans un aéroport : assister à la décompression des gens. Je m’explique. Lorsque vous êtes dans un lieu inhabituel, il peut vous arriver d’avoir un comportement totalement différent de votre comportement habituel.

C’est comme ça que l’on assiste à des scènes amusantes de gens qui décident de sauter par dessus le comptoir pour être plus proche de vous pour vous expliquer un truc, des gens qui se mettent à raconter des choses très personnelles (comme s’ils étaient chez un psy) ou de gens qui pètent vraiment les plombs (et que l’on accompagne gentiment au service médical de l’aéroport).

L’aéroport, c’est l’endroit où vous devez prendre un avion en ayant oublié qu’il fallait une pièce d’identité. C’est le lieu où vous laissez traîner votre carte bancaire dans une machine car vous ne pensez qu’à ce vol que vous allez prendre alors le reste ne compte pas. C’est un espace où personne ne vous connaît et ne vous reverra peut être jamais alors vous êtes libre de vous engueuler en couple et en public. C’est là que vous dîtes « au revoir » à l’être aimé, « bonjour » suivi d’un gros câlin à son retour, là encore que vous envoyez vos enfants partir seuls retrouver papy et mamy en province.

Mais c’est aussi là que vous ratez un avion car vous pensiez que ça allait rouler sur la route, qu’il n’y aurait pas d’incident voyageur sur la ligne B, que ça prendrait pas autant de temps pour rendre la voiture au loueur… Tous les jours, des clients ratent leur avion Tous les jours, des gens viennent à Orly alors que leur avion décolle de Roissy. Tous les jours, des gens se rendent compte qu’ils n’ont pas leur portefeuille avec eux. Tous les jours, des gens découvrent que pour aller en Guyane, il faut avoir été vacciné contre la fièvre jaune et avoir le carnet de santé pour le voyage. Tous les jours, des gens apprennent qu’il faut un ESTA pour aller aux Etats Unis. Tous les jours, des gens sont sidérés de voir qu’ils ont acheté un billet pour le mauvais jour. Tous les jours, des gens découvrent l’existence de l’autorisation de sortie de territoire pour mineurs. Et enfin, tous les jours, on nous demande où se trouve (pêle-mêle et sans « bonjour ni merde ») : La Poste, Vueling, EasyJet, Corsair, Air Inter (wait ? whaaat ???) les distributeurs, où on peut boire une bière dans Orly, où se trouvent la détaxe, où sont les toilettes (service des informations, bonjooouuurrr !)

Pour bosser dans un aéroport, et surtout, pour une compagnie aérienne, il faut voir un bon moral et du recul. Ne jamais prendre pour soi les insultes, les vannes, les piques, les remarques désagréables. Il ne faut jamais y répondre (gros risque de mettre de l’huile sur le feu). Oublier très vite ces moments. Et apprécier le meilleur. Dernièrement, après 3/4 clients (habitués d’Air France) qui ne comprenaient pas que les vols soient complets (même pour eux) un autre client (très habitué) est arrivé vers moi en me sortant : « vous en avez beaucoup des casse-couilles comme ça ? ». Ce sont des moments privilégiés. On ri ensemble. Cela créé du lien et débouche souvent sur une discussion qui fait oublier les clients précédents.

J’ai déjà eu un rugbyman, bien connu, adorable, une « crème », comme client. J’ai eu droit à mon petit selfie (c’est lui qui a proposé, hein !). Quand il est revenu, il m’a reconnue et m’a demandée si c’était avec moi qu’il avait fait un selfie. Comment vous-vous ne pas être fan de votre job après ça ? Quand quelqu’un revient et se dirige vers « vous » avec un grand sourire, c’est qu’à un moment donné, vous avez été bon quelque part ou que vous avez su marquer son esprit.

Il y a des choses que l’on peut faire en aéroport et qui ne sont possibles nulle part ailleurs. Tout simplement parce que c’est le Jour J, qu’on peut argumenter un cas, essayer d’obtenir ce qui serait en temps normal impensable ou impossible.

Pendant les épisodes de grèves (on ne fait pas grève chez nous) on pourrait croire que c’est hyper difficile. Ca peut l’être au regard du nombre de dossiers que l’on gère en une journée mais il y a une constante : les clients nous voient, ils savent donc qu’on est là, pas en grève et que l’on essaie de faire au mieux pour eux. C’est d’ailleurs dingue le nombre de fois où l’on m’a dit « bon courage, ça doit pas être simple pour vous »…

Finalement, les cas difficiles sont rares. Seuls ceux qui ne cherchent pas à comprendre « comment ça marche » sont durs. Ceux qui ne comprennent pas qu’une tour de contrôle n’appartient pas à une compagnie aérienne et que si une autorisation de décoller n’est pas donnée, on ne peut rien faire. Ceux qui veulent qu’on ordonne un départ sous un torrent de grêle. Ceux qui pensent qu’un accident sur leur trajet en voiture nécessite un changement gratuit de billet. Ceux qui sont persuadés que c’est un site internet de ventes de billets d’avion qui a changé leur nom/prénom sur leur billet d’avion. Ceux qui disent qu’ils ont eu un retard de 20 min au départ (rattrapé en vol, oui, on sait tout) sur un Paris Nice 6 mois plus tôt devrait nous obliger à changer leur nouveau billet sans frais (aucun lien, fils unique)…

Et au milieu, il y a des gens qu’on n’oublie pas. Comme cette jeune fille qui avait l’air paumé/camé et a acheté un billet à la dernière minute pour partir dans le sud. Cette chanteuse lyrique qui a failli se mettre à poil devant nous et ne tenait pas plus de 10 sec en place, revenait, repartait, appelait une personne au téléphone devant moi… interrompait une discussion avec une autre cliente. Cette fille qui est venue acheter un billet en speed car son père venait de faire un AVC et s’est mise à pleurer devant moi car il vivait ses dernières heures à l’hôpital. Il y a aussi ce petit monsieur qui me dit qu’il a demandé une assistance, il ne semblait pas pourtant souffrir d’un handicap. Je suis passée de l’autre côté du comptoir et je me suis aperçue qu’il était malvoyant, je lui ai proposé mon bras, qu’il a agrippé fermement jusqu’à ce que l’on arrive au comptoir des assistances. Je vous avoue que j’ai eu l’impression d’avoir sa vie entre mes mains pendant ces quelques mètres et que ses remerciements chaleureux m’ont émue.

Comment ne pas être sensible à cela ? On encaisse beaucoup. Et pas uniquement de nos clients.

Il y a des SDF dans Orly, des gens que l’on voit tous les jours, qui vivent là et qui font comme vous : se baladent avec un chariot et des bagages… Sauf qu’ils ne prennent pas l’avion. Il y a des clients qui roupillent par terre entre 2 vols et les SDF qui dorment de la même façon. On pourrait presque croire que ce sont tous des passagers. Mais quand vous êtes là 5 jours par semaine, à raison de plusieurs heures par jour dans un aéroport, vous faîtes la différence entre les deux.

Chez nous, tout le monde bosse, de l’agent au chef. Les gens ne s’arrêtent pour raison médicale que s’ils se font opérer. Malgré les grèves, malgré les difficultés, les mauvais jours, tout le monde mouille le maillot. Il y a une ambiance de folie chez nous, on s’aide, on s’amuse, on fait des blagues mais on sait faire ça en restant sérieuses (oui, pardon, il y a quasiment que des filles 😉 )

Je suis redevenue corporate. Je suis revenue comme à mes débuts, où je me battais pour démontrer que ma compagnie était forte et meilleure que d’autres.

Vous dénigrez votre entreprise et votre hiérarchie, vous ? Si c’est le cas, c’est qu’il vous faut en changer car vous n’êtes pas heureux.

Alors, oui, depuis, j’essaie moins de bagnoles. Pas le temps, pas la motivation. Et puis, bon, je me suis remise au sport depuis janvier, alors à raison de 10/12h par semaine à la salle, ça prend du temps.

Je ne conserve que l’essentiel dans ma vie. Ma famille, le boulot, les amis fidèles, les voyages et le sport. Le reste, c’est uniquement si j’ai le temps et si ça n’empiète pas sur le reste !

Cela n’empêche que je suis l’actu auto mais j’en parle moins par écrit, je préfère poster des photos sur Instagram, ou parler de F1 sur Twitter ou Facebook 😉

Si vous passez par Orly et que vous apercevez ma tête, passez me faire un coucou, je ne mords pas 😉

Au passage, une bise à tous ceux qui sont venus me voir, une fois ou plusieurs fois : Ugo de BlogAutomobile (mon fils adoptif), JB du BilletAuto, Raphaëlle de Miss280ch, Paul de BoîtierRouge, Mikaël de TendanceAuMasculin, Guillaume du GDB… Toujours amusant de voir un blogueur auto se pointer seul pour venir me claquer une bise; quand ça n’est pas un groupe de 6 ou 7 qui vient d’un coup pour te faire un coucou ou un selfie ! <3

Je vous souhaite à tous d’être aussi épanoui que moi dans votre job. Life is short ! Enjoy ! The rest is bullshit !




Il est 1 commentaire

Ajoutez le vôtre
  1. baut anne claude

    merci pour m’avoir fait revivre en acceleré les plus de 40 ans passé dans les murs d’Orly c’est tellement tout ça à la fois !!!!!
    j’essaierai de passer dire bonjour dans un avenir prochain
    la maman de Raphaelle ( miss 280ch )


Laisser un commentaire