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Que se cache-t-il derrière l’odeur d’une voiture neuve ?

C’est une senteur aussi reconnaissable qu’un logo sur un capot. Lorsqu’on s’installe pour la première fois dans une voiture neuve, elle nous enveloppe immédiatement : l’odeur de voiture neuve. Un parfum singulier, à la fois synthétique, légèrement sucré, presque enivrant… et pour certains, addictif. Mais que cache vraiment ce bouquet chimique ? Entre marketing sensoriel, émissions volatiles et préoccupations sanitaires, décryptage d’un phénomène pas si anodin.

Une signature olfactive… involontaire

Contrairement à une légende urbaine tenace, l’odeur d’une voiture neuve n’est pas un parfum artificiellement ajouté par le constructeur (même si certains l’ont envisagé). Elle est le résultat de l’ensemble des matériaux utilisés dans l’habitacle : plastiques injectés, colles, mousses, textiles, cuir, vernis, résines… Tous ces éléments, neufs et encore « en dégazage », émettent ce qu’on appelle des composés organiques volatils (COV).

Ces COV se libèrent naturellement dans l’air intérieur de l’auto, en particulier lorsqu’elle est exposée à la chaleur. C’est ce qu’on appelle le « phénomène de relargage », ou « off-gassing » en anglais. Résultat : un mélange complexe de molécules qui, mises bout à bout, composent l’odeur typique d’un véhicule sortant d’usine.

Un mélange de composés… pas toujours très sains

Le problème ? Certains de ces composés ne sont pas sans risque. Benzène, toluène, styrène, formaldéhyde ou acétaldéhyde — des noms peu rassurants qui figurent parfois dans la liste des substances identifiées dans l’air intérieur des voitures neuves.

Des études ont montré que les concentrations de certains COV peuvent être jusqu’à 10 fois supérieures à celles relevées dans une maison. L’odeur qui séduit certains acheteurs est donc, en réalité, le reflet d’une pollution intérieure temporaire.

Selon une étude publiée dans Cell Reports Physical Science en 2023, une voiture garée en plein soleil peut atteindre des niveaux de formaldéhyde et d’acétaldéhyde dépassant les seuils de sécurité recommandés par l’OMS. Ces substances sont classées comme cancérigènes probables ou avérés, même si l’exposition reste, ici, ponctuelle et souvent de courte durée.

Pourquoi cet effet s’estompe-t-il ?

Bonne nouvelle : l’odeur s’atténue généralement au bout de quelques semaines à quelques mois. Les émissions de COV diminuent naturellement avec le temps, à mesure que les matériaux terminent leur phase de dégazage. C’est pour cela que l’odeur d’une voiture d’occasion, même bien entretenue, ne sera jamais la même.

Les constructeurs travaillent depuis plusieurs années à réduire ces émissions, en sélectionnant des matériaux moins polluants et en soumettant les habitacles à des tests rigoureux. Certains modèles haut de gamme, notamment en Asie, sont même évalués en chambre d’analyse olfactive par des « nez » professionnels chargés de valider ou non les senteurs intérieures.

Une odeur qui divise

Si l’odeur de voiture neuve peut sembler agréable — elle évoque le neuf, le luxe, l’achat important — elle est aussi controversée. Certains automobilistes la trouvent écœurante, voire irritante. D’autres lui associent des maux de tête, une sensation de malaise, voire des allergies.

Les constructeurs doivent donc jongler entre attentes sensorielles et normes sanitaires. Résultat : certains groupes ont développé des parfums d’ambiance « new car » pour les adeptes de cette fragrance iconique… sans les composés nocifs.

Quelques conseils pour limiter l’exposition

Pour les conductrices et conducteurs soucieux de leur santé (ou simplement incommodés par cette odeur), voici quelques gestes simples à adopter :

  • Aérez régulièrement l’habitacle, surtout après l’achat.

  • Évitez de laisser la voiture en plein soleil les premières semaines.

  • Ouvrez les vitres avant de démarrer, pour renouveler l’air intérieur.

  • Utilisez la ventilation en mode air extérieur plutôt que recyclage pendant les premiers trajets.

Et si vous êtes enceinte, ou si vous transportez des enfants en bas âge, une aération poussée est d’autant plus recommandée.

Entre nostalgie et vigilance

L’odeur de voiture neuve est un symbole émotionnel puissant, souvent associé à un moment de plaisir, de nouveauté, de projection dans un futur plus mobile. Elle fait partie de l’expérience d’achat, comme le bruit feutré d’une portière qui se referme ou le toucher d’un cuir encore tendu.

Mais derrière cette émotion se cachent des réalités chimiques qu’il ne faut pas ignorer. Comme souvent en automobile, la magie du premier contact repose sur une alchimie complexe… que la science et la réglementation apprennent à mieux maîtriser.




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