Duel à watts égaux : Lancia Ypsilon HF contre Volkswagen Golf GTI, la revanche de l’électrique

Pendant des décennies, les lettres GTI ont incarné le frisson accessible de la voiture compacte sportive. Une philosophie née avec la Golf GTI originelle en 1976, qui a inspiré des générations d’automobilistes à la recherche de sensations sans compromis sur le quotidien. Mais à l’heure où l’électrification bouleverse toutes les grilles de lecture, une nouvelle génération de compactes sportives s’impose : zéro émission, couple instantané, silence d’exécution… et performances qui n’ont rien à envier aux références thermiques.

La confrontation entre la nouvelle Lancia Ypsilon HF 100 % électrique et l’incontournable Volkswagen Golf GTI essence incarne parfaitement ce changement d’ère. D’un côté, l’héritière latine ressuscite les lettres HF (pour High Fidelity) avec 280 chevaux sous le capot. De l’autre, l’allemande perpétue la tradition avec un quatre-cylindres turbo de 265 chevaux (4,29 mètres). Au jeu des comparaisons, l’électrique prend l’ascendant — sur la fiche technique comme à la caisse.

Puissance maîtrisée, couple immédiat

Si la Golf GTI se défend avec honneur, ses 265 ch sont délivrés avec progressivité via son 2.0 TSI et une boîte DSG à double embrayage pour 1,5 tonne. Son couple de 370 Nm est disponible à mi-régime, nécessitant de jouer de la pédale et des palettes pour obtenir le meilleur d’elle-même.

En face, la Lancia Ypsilon HF joue une toute autre partition. Basée sur la plateforme e-CMP Stellantis, mais largement retravaillée pour l’occasion, elle délivre 280 ch et 345 Nm de couple instantanément. Résultat : un 0 à 100 km/h abattu en seulement 5,6 secondes, soit une demi-seconde de mieux que la Golf GTI. En reprises, l’écart est encore plus net : l’électrique bondit, là où la thermique monte dans les tours.

Sans boîte de vitesses, sans temps de latence, l’Ypsilon HF propose une réponse à l’accélérateur immédiate, franche et linéaire, ce qui peut aussi surprendre les amateurs de sensations mécaniques plus « brutes ». Mais sur le plan de l’efficacité pure, le match tourne à l’avantage de l’italienne.

GTI électrifiée, GTI démocratisée ?

Au-delà des performances, c’est peut-être la question du prix qui bouscule les repères. La Golf GTI débute à 50 000 € (tarif France 2025 hors options) avant de prendre près de 5 000 euros de malus supplémentaire, avec une dotation correcte mais perfectible qui incitera à passer par des options indispensables. Il faut piocher dans le catalogue pour s’approcher de l’équipement complet : GPS, toit ouvrant, sièges sport électriques, jantes spécifiques, aides à la conduite avancées…

En face, Lancia annonce un tarif de 42 000 € pour son Ypsilon HF, en intégrant de série une dotation très complète, à commencer par l’écran central panoramique, les sièges sport Alcantara, le régulateur adaptatif ou encore le mode piste calibré pour les départs arrêtés. Cerise sur le gâteau : bonus écologique de 4 000 € pour les revenus modestes, ce qui peut ramener son prix effectif sous les 38 000 € pour certains acheteurs.

Autrement dit, la compacte sportive électrique devient non seulement plus performante, mais aussi plus accessible en tenant compte des aides actuelles à l’achat.

Sensations et émotions, une affaire de transmission ?

Certains puristes objecteront à juste titre que l’électrique ne remplace pas totalement les sensations mécaniques : le son du moteur, le passage de rapports, la montée en régime, tout ce qui fait le charme d’une GTI « à l’ancienne » semble lissé dans cette nouvelle génération électrifiée. Il est vrai qu’un 0 à 100 km/h foudroyant ne remplace pas le plaisir d’un talon-pointe sur une départementale.

Mais cette vision évolue. La Lancia Ypsilon HF assume une approche différente : des performances plus accessibles, une conduite plus simple, une accélération toujours disponible. Un nouvel art de vivre la sportivité, en harmonie avec l’époque.

Ajoutons que la compacte italienne est annoncée avec un châssis rabaissé, des voies élargies, une direction recalibrée et un différentiel électronique, le tout testé sur les routes autour de Balocco. De quoi promettre une conduite engagée, même sans échappement qui crépite.

Vers une redéfinition du sigle GTI ?

Ce duel symbolise une mue en cours : la sportive compacte ne se définit plus seulement par sa cylindrée ou son échappement, mais par sa capacité à offrir du plaisir à conduire… autrement. Si la Golf GTI conserve une certaine aura pour les amateurs d’authenticité, la Lancia Ypsilon HF incarne une vision résolument moderne de la performance : propre, rapide, et finalement, plus accessible.

Dans un monde automobile en pleine mutation, il est réjouissant de constater que la sportivité n’a pas disparu avec les moteurs thermiques, elle s’est simplement réinventée.

La Lancia Ypsilon HF bouscule les dogmes : plus performante, parfois moins chère, tout aussi désirable dans un registre nouveau. Si la GTI thermique conserve ses fidèles (qui paieront 17 000 euros de plus), l’électrique montre qu’on peut allier vitesse, plaisir et raison. Et si le futur de la GTI était… silencieux ?