small

Warhol, BMW M1 et la scène artistique de Dubaï : quand l’Art Car devient messagère culturelle

C’est un chef-d’œuvre à quatre roues qui vient d’atterrir sous le soleil de Dubaï. À l’occasion de l’édition 2025 d’Art Dubai, la mythique BMW M1 peinte par Andy Warhol fait pour la première fois escale au Moyen-Orient. Cette apparition s’inscrit dans une tournée mondiale inédite qui célèbre les 50 ans de la BMW Art Car Collection, série emblématique de « sculptures roulantes » où l’automobile devient toile, manifeste et médium culturel.

Présentée du 18 au 20 avril dans l’écrin de Madinat Jumeirah, avec des journées réservées aux VIP les 16 et 17 avril, cette M1 pas comme les autres attire autant les amateurs d’art contemporain que les passionnés d’automobile. Et pour cause : elle a été peinte en 1979 par Andy Warhol lui-même… en seulement 28 minutes.

Une œuvre d’art née pour courir

Dans le monde des BMW Art Cars, chaque pièce a sa propre aura. Mais celle de Warhol occupe une place à part. D’abord parce que l’artiste américain ne s’est pas contenté d’esquisser un motif ou d’apposer un concept. Il a littéralement peint la voiture de ses propres mains, dans un geste vif, expressif, quasi performatif. Et ensuite, parce que cette M1 n’est pas restée dans un musée : elle a couru les 24 Heures du Mans la même année, portant sur l’asphalte une vision radicale de l’art en mouvement.

En transformant cette voiture de sport en œuvre vivante, Warhol résumait sa vision : « J’aime cette voiture. Elle est meilleure qu’un tableau. » Cinquante ans plus tard, le message reste saisissant.

Une collection qui célèbre la co-création

Depuis sa naissance en 1975 à l’initiative du pilote français Hervé Poulain et de l’artiste Alexander Calder, la collection des BMW Art Cars n’a cessé de s’enrichir. Chaque création est une collaboration entre BMW et un·e artiste, sans thématique imposée, où la voiture devient support d’expression. Au fil des décennies, Roy Lichtenstein, Esther Mahlangu, Jeff Koons, Olafur Eliasson ou Julie Mehretu se sont prêtés à l’exercice.

Aujourd’hui, BMW célèbre ce demi-siècle d’avant-garde en lançant le BMW Art Car World Tour. Le principe ? Faire voyager ces voitures-œuvres à travers les cinq continents, les exposer dans des musées, des festivals et des foires artistiques majeures. Après Paris, Los Angeles et Séoul, Dubaï est la première ville du monde arabe à accueillir une Art Car – un symbole fort de l’élargissement du dialogue culturel voulu par le constructeur.

L’art au cœur de la transformation culturelle

Au-delà de l’exposition, BMW s’implique également dans les débats autour du futur de la création. Le 17 avril, dans le cadre du prestigieux programme de conférences d’Art Dubai, se tenait une BMW Art Talk intitulée : “Driven by Art: Are Commissions and Co-creations the Future?”

Modéré par le professeur Thomas Girst, responsable mondial de l’engagement culturel du groupe BMW, le panel réunissait des figures majeures de la scène artistique internationale comme Azu Nwagbogu, Hans Ulrich Obrist et Dr Stephanie Rosenthal. Ensemble, ils ont exploré l’émergence de la co-création, à la croisée de l’art, du design et des nouvelles formes de narration.

Le message est clair : dans un monde en mutation rapide, l’art ne se contente plus d’être contemplé. Il s’incarne, se déplace, s’interprète collectivement. Et dans cette dynamique, l’automobile – trop souvent cantonnée à l’objet industriel – devient un outil de réflexion, de projection, de dialogue.

Dubaï, passerelle entre art, technologie et société

En choisissant Art Dubai comme étape-clé de sa tournée, BMW confirme l’importance croissante du Moyen-Orient dans le paysage artistique mondial. Fondée en 2007, la foire s’est imposée comme le rendez-vous incontournable de la scène contemporaine dans la région, avec une programmation riche de plus de 120 galeries venues de 40 pays. S’y mêlent arts visuels, numérique, commissions in situ, forums de réflexion et programmes éducatifs.

Dans cet écosystème foisonnant, la BMW M1 de Warhol n’est pas qu’un objet vintage ou un artefact de collection. Elle incarne l’idée d’un dialogue entre générations, entre disciplines, entre continents. Elle rappelle que l’innovation esthétique peut naître d’un moteur, d’une carrosserie, d’un coup de pinceau impulsif – et qu’elle peut, surtout, rouler.

Pourquoi c’est important ?

Parce qu’on ne parle pas ici de voiture de collection, mais de culture vivante.
Parce que l’art automobile, longtemps dominé par une vision masculine et occidentale, s’ouvre à de nouveaux territoires.
Et parce que la présence d’une BMW M1 peinte par Warhol à Dubaï, en 2025, dit quelque chose de notre époque : celle où les frontières entre art, technologie et société s’effacent – au profit de la co-création.




Il n'y a aucun commentaire

Ajoutez le vôtre