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La belle histoire de la Jaguar Type E de Joan Baez

La chanteuse américaine célèbre aujourd’hui ses 75 ans et c’est déjà en soi presque un exploit étant donné le nombre de chanteurs de sa génération qui sont passés très (trop) vite de vie à trépas. On peut citer Jimi Hendrix et Janis Joplin présents à Woodstock en 1969 tout comme elle… Forcément, l’alcool, LSD, les amphétamines, l’héroïne dans les années 60-70, ça tournait sévère dans les maisons des musiciens.

Mais Joan Baez, c’est tout sauf ça. La musique et la paix, c’est ce qui peut la résumer. A sa tête de première de la classe, il est impossible d’imaginer qu’elle ait pu expérimenter des drogues (au pire une bière !). C’est une chic fille, intelligente, jolie, poète, guitariste, soprano, et qui agit pour la paix dans le monde (et surtout contre la Guerre au Vietnam) avec ses moyens.

Elle vient d’une famille modeste, mais dont le papa mathématicien-physicien a refusé de participer au Projet Manhattan (ça claque un peu sur le CV). Il s’est engagé pour l’UNESCO, la famille a donc parcouru le monde, ce qui a permis à Joan de découvrir tout ce qu’il comporte de plus affreux : la guerre, la pauvreté, la faim…  Vous comprenez un peu mieux pourquoi elle est tant portée sur la paix.

C’est donc assez curieux d’apprendre qu’une fille aussi droite dans ses idéaux ait pu un jour craquer sur une Jaguar XKE (nom donné au modèle aux USA). Déjà parce qu’on n’a un peu de mal à l’imaginer matérialiste notre Joan. Et puis Jaguar, c’est assez clinquant et signe extérieur de richesse et de réussite dans les années 60.

Voici l’histoire de la Jaguar de Joan :

A l’automne 1960, alors qu’elle se promenait avec son petit ami dans Monterey en quête d’une quincaillerie pour y acheter une lampe torche, elle se retrouva devant un concessionnaire spécialisé en voitures anglaises. Elle fut immédiatement attirée par la couleur métallique brillante de la Type E et posa des questions au vendeur. Le brave monsieur pensait perdre son temps avec ses 2 clients trop jeunes et n’ayant visiblement pas l’air d’être fortunés. Ils ressemblaient trop à des lycéens pour acheter une Jaguar. Cette voiture commercialisée depuis 1961, était un best seller puisqu’accessible face à ses concurrentes de l’époque. 70 000 exemplaires ont été vendus.

Le monsieur a dû apprendre une belle leçon et n’a pas dû refaire la même boulette. Lorsque Joan annonça qu’elle voulait payer immédiatement et par chèque, ni une, ni deux (ni trois, ni quatre) le vendeur a contacté sa banque pour vérifier si le chèque de 6 000$ (47 000$ soit 43 000€ aujourd’hui) pouvait être encaissé. Oui !

Une voiture à ras du sol, 6 cylindres en ligne 3,8 l, un tableau de bord en aluminium, et une vitesse maxi de 225 km/h (vitesse reconnue par Jaguar, alors qu’ils annonçaient 241 km/h), voilà le nouveau bolide de l’interprète de « Blowin in the wind » (écrite par Bob Dylan). Etant donné qu’elle était beaucoup en tournée, elle ne pouvait la conduire qu’une fois de retour chez elle, en Californie. Beaucoup de souvenirs ont marqué Joan à bord de cette auto.

Après la fin d’une tournée et de l’enregistrement de son second album, elle s’est offerte un road trip au Mexique dedans. Lors d’une virée dans un supermarché, elle a appris l’assassinat de Kennedy par le caissier. En remontant dans sa Jaguar, elle a mis la radio qui confirmait ce funeste événement…

Un autre moment marqua sa vie. Après avoir été hospitalisée pour cause de fatigue intense, son amie, Kim Chappell pris la décision de s’occuper de la précieuse voiture en la bichonnant pour Joan. Elle a rendu plusieurs visite à la chanteuse et peu à peu, elles sont devenues amantes. Joan a offert 2 motos et une Austin Healey à Kim. Après une romance tourmentée, Joan montrant ouvertement qu’elle aimait aussi (et surtout) les hommes, ce fut la séparation. Kim, la groupie androgyne, se rapprocha de Janis Joplin quelques temps après.

En 1964, une autre séparation non désirée… Le Fisc lui réclame de l’argent. Pourquoi ne pas avoir payé ses impôts alors qu’elle en avait les moyens ? Tout simplement pour que son argent ne puisse pas être lié à la Guerre que les Etats Unis menaient contre le Vietnam depuis 1955. Elle se refusait à cautionner cette guerre inutile et malgré une entrevue avec ce qui serait le Centre des Impôts de sa ville, elle est restée braqué. La suite, vous la devinez facilement. On lui a saisi des biens pour rembourser ses impôts impayés.

Le gouvernement fédéral a donc pris des mesures pour récupérer les sommes dûes. Prendre possession de sa maison à Carmel, ainsi que de ses terres. La Jaguar XKE ne sera pas épargnée. Joan n’a exprimé aucun regret, elle restait campée sur ses positions en refusant d’être mêlée à l’envoi de troupes sur le terrain.

Cela n’a fait qu’amplifier son engagement anti-guerre et pro droits de l’homme. Les concerts auxquels elle a participé ont eu tellement d’ampleur et d’effets bénéfiques que selon elle, la perte de sa belle anglaise n’a été qu’un petit dommage qui valait le coup.

La voiture a été revendue dans la foulée aux enchères et on a perdu sa trace…




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